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Comment Jack Nicholson est devenu le terrifiant Joker de « Batman »
- Léa André-Sarreau
- 2020-04-22
On a retrouvé ce making-of plein d’anecdotes qui permet de comprendre à quel point la performance de Jack Nicholson (dont c’est l’anniversaire aujourd’hui) a été façonnée par un travail graphique impressionnant, allant de la conception du costume à un maquillage pointu.
Dans la série Batman (1966-1968), Cesar Romero campait un Joker au masque ridicule et burlesque, avant qu’Heath Ledger arbore dans The Dark Knight (2008) un faciès sombre aux cicatrices nettement plus terrifiantes. Sans oublier le Joaquin Phoenix à l’allure rachitique dans le récent Joker de Todd Philipps, sorte de corps malade symbolisant une société sclérosée. Mais aujourd’hui, pour fêter les 82 ans de Jack Nicholson, c’est à sa métamorphose fulgurante pour devenir le clown triste de Gotham dans la version grotesque de Tim Burton que l’on rend hommage, grâce à une archive qui risque de détrôner tous vos tutos make-up préférés.
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En compagnie de Tim Burton, mais aussi de Tommy Nutter, styliste et créateur du costume du Joker, Jack Nicholson analyse subtilement la part de lui-même qu’il a investie dans ce rôle. Malgré ses artifices (des cheveux verts, un maquillage blanc qui évoque la pâleur de la mort), le personnage devait lui ressembler, s’adapter à sa physionomie, puiser dans ses propres doutes afin d’être crédible -d’où une gestuelle et des mimiques qui évoquent aussi son rôle dans Vol au-dessus d’un nid de coucou de Milos Forman sorti en 1975.
Ainsi, ce qui ressort de l’archive, c’est cette idée puissante que le personnage du Joker s’est construit comme un palimpseste, nourri de l’esthétique des comics originaux, assez sanglants et cartoonesques, mais aussi de la persona de son interprète, qui a toujours exploré la folie dans ses rôles. « C’était quelque chose de plus profond qu’une simple surface », résume ainsi Tim Burton, expliquant qu’il a réussi à cerner son anti-héros en le définissant graphiquement.
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De son côté, Nick Dudman, responsable du maquillage avec Paul Engelen et Lynda Armstrong, évoque les moulages successifs qui ont donné naissance au visage du Joker, les différentes sculptures de bustes destinés à modeler artificiellement le sourire de Nicholson sans dénaturer sa performance. Et grâce à Graham Churohyard, assistant designer, on découvre même les origines de la création du mythique costume violet du personnage, taillé sur mesure chez un artisan londonien, et inspiré de la classe des gangsters des années 1930.