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Les 10 séries qu’on recommande pour les néophytes

  • Trois Couleurs
  • 2020-04-20

Vous n’y connaissez rien en matière de séries ? L’idée de passer des centaines d’heures devant la même œuvre, sans être sûr(e) que ça en vaille la peine, vous a toujours rebuté(e) ? Pour vous aider à vous y mettre, on a dressé notre liste des poids-lourds indispensables, les séries qui vous entraîneront dans vos plus belles nuits blanches et vous laisseront une marque indélébile. Top 10, tout à fait subjectif.

 

Twin Peaks (ABC/Showtime, 3 saisons)

Ce n’est pas pour rien si on vous rebat les oreilles avec Twin Peaks depuis la diffusion de la saison 3, en 2017. La série de David Lynch et Mark Frost est à la fois drôle, perchée, malaisante et on ne comprend pas toujours tout (loin de là). Mais c’est surtout la synthèse parfaite entre le soap opera et le thriller. Un mélange fabuleux, qui fait osciller la série entre le kitsch et l’expérience traumatisante (voire transcendantale), et qui a dynamité l’univers ronronnant des séries télé à son apparition, en 1990 (il y a pile 30 ans). La première saison est captivante : on parie qu’une fois que vous aurez mis un pied dedans, vous dévorerez le pilote et les sept épisodes d’une traite – comme les fameux beignets que les policiers de la petite bourgade boisée s’enfilent par boîtes entières. Si on trouve des petits passages à vide dans la deuxième saison, la troisième devrait achever de vous convaincre du statut de chef d’œuvre de la série. • TIMÉ ZOPPÉ

 

 

Six Feet Under (HBO, 5 saisons)

Cette série créée par Alan Ball et diffusée pour la première fois en 2001 est longtemps restée le mètre-étalon du drame subtil de « qualité cinématographique » à la télé. Suivant une famille de croque-morts à Los Angeles, Six Feet Under déploie, sur cinq saisons de qualité quasi constante, une vertigineuse réflexion sur la vie et la mort, la jeunesse et la vieillesse, l’amour et la disparition. Toutes les nuances de l’âme humaine y sont dépeintes avec une précision, une profondeur et un humour à froid exquis. Outre sa photographie au cordeau, la série a aussi permis à Jill Soloway d’affûter sa plume avant de créer et d’écrire les autres excellentes séries Transparent (2014-2019) et I Love Dick (2016-2017), qu’on vous recommande tout aussi chaudement. Si elles sont très différentes de Six Feet Under dans la forme, celles-ci décortiquent avec une égale finesse des situations de famille et de couple singulières en parvenant à leur donner une portée universelle. Et dans chacune des trois, la mélancolie, la douceur et la tendresse l’emportent. • T.Z.

 

The Wire (HBO, 5 saisons) 

Barack Obama l’a désignée comme sa série préférée – au point d’interviewer le créateur, David Simon, à la Maison Blanche en 2015. Et tous les spécialistes du petit écran s’accordent à dire qu’il s’agit sans doute du premier show américain à démanteler avec un tel désenchantement l’autre Amérique : celle des oubliés, des déclassés.

Pourtant, cette fresque politico-sociale, plongée ultra-réaliste dans les ghettos de Baltimore gangrenés la criminalité et les fractures ethno-raciales, a été un échec public lors de sa sortie en 2002, avant d’être réhabilitée pour sa force visionnaire, sa capacité à formuler en creux les déviances qui conduiront à l’Amérique de Trump. Chacune des cinq saisons, pensée comme un volet thématique, radiographie un nouvel aspect de la ville à travers la lutte contre la drogue, la contrebande et les syndicats du port, les corruptions politiques, le système éducatif laissé à l’abandon. La série suit des enquêtes essentiellement menées sur écoute par Mc Nulty (Dominic West), flic aussi borderline qu’intègre. A l’aide d’une mécanique narrative implacable, proche de la tragédie, et d’une esthétique aride, qui lui confère un aspect documentaire, The Wire dissèque les engrenages d’un vaste échiquier politique qui condamne les êtres à la survie ou à la mort. Et si tous ces bons points ne vous ont pas convaincu de la (re)voir, brandissons un argument de taille : de grands rappeurs comme Booba, Soprano et Gradur ont déclamé leur amour de cette série dans leurs textes. • LÉA ANDRÉ-SARREAU

Les Soprano (HBO, 6 saisons)

Souvent désignée comme le symbole de l’âge d’or des séries du début des années 2000, Les Soprano (1999-2007), création ample de David Chase a marqué au-delà de son temps parce qu’elle a sondé les tourments des mafieux avec la même profondeur psychologique que Les Affranchis de Martin Scorsese ou Le Parrain de Francis Ford Coppola, des références imposantes souvent citées par le showrunner. Aujourd’hui, ces citations paraissent normales, mais ce n’était pas si évident de les assumer pour une série, forme un peu dénigrée en 1999. En suivant la thérapie psychanalytique de Tony Soprano, gangster du New Jersey flippé à l’idée de gérer à la fois sa vie de famille et ses affaires criminelles, la série a saisi le versant quotidien, routinier des mafieux, et imposé le regretté James Gandolfini en icône avec sa bouille déconfite de malfrat en robe de chambre. On attend avec impatience le film prequel, The Many Saints Of Newark d’Alan Taylor (dont la sortie était prévue en 2020 jusqu’à la crise du coronavirus), scénarisé par David Chase himself et retraçant la jeunesse de Tony, avec dans le rôle Michael Gandolfini, fils de James. • QUENTIN GROSSET

 

Lost (ABC, 6 saisons)

Entre 2004 et 2010, les amateurs de séries étaient en boucle sur Lost – c’était une période bien pénible pour vous… Il est grand temps de rattraper votre retard en vous plongeant dans cette fresque tentaculaire signée J.J. Abrams et Damon Lindelof suivant une poignée de rescapés d’un crash d’avion après qu’ils ont trouvé refuge sur une mystérieuse île déserte. Avec comme toile de fond la soif universelle d’exploration, un sens du cliffhanger irrésistible (alors que, parait-il, les scénaristes ne savaient eux-mêmes pas vraiment où ils allaient) et des personnages inoubliables, Lost maintient les spectateurs en haleine comme aucune autre série. Sous ses airs légers, puisqu’elle se déroule sous le soleil d’une île tropicale, elle démantèle en fait les mécanismes de la paranoïa et propose une réflexion puissante sur l’espace-temps, allant jusqu’à pousser les portes de la physique quantique. Il ne faut pas se laisser décourager d’avance par ses 121 épisodes : ils compteront parmi ce que vous aurez vu de plus mémorable (même si vous n’aimez pas la fin, qui a provoqué des débats sans fin lors de sa diffusion). • T.Z.

 

 

House of Cards (Netflix, 6 saisons)

Le 1er février 2013, la télévision est officiellement morte. On exagère ; encore que… À cette date, le site américain de vidéo à la demande Netflix lançait House of Cards, sa toute première série originale. Non content d’affranchir ainsi la fiction télé de sa composante « télé », l’opérateur décidait de rendre disponible l’intégralité de la saison 1. Soit la remise en cause de soixante-dix ans d’habitudes de spectateur sommé de patienter entre deux livraisons hebdomadaires, et un clou supplémentaire planté dans le cercueil des chaînes. Dans House of Cards, Kevin Spacey (dans le contexte de l’affaire Harvey Weinstein, il a été accusé par plusieurs hommes de harcèlement sexuel et d’agressions sexuelles en octobre 2017, ce qui a précipité la fin de la série et l’a éjecté du casting de l’ultime saison) campe le très influent député démocrate Frank Underwood, qui contrôle dans l’ombre le Congrès américain et passe ses journées à crucifier sourire aux lèvres ses adversaires – et, plus souvent encore, ses alliés. Alors que le réalisateur de Seven, David Fincher (qui produit et réalise des épisodes d’une autre série qu’on adore, Mindhunter, depuis 2017), a réalisé les deux premiers épisodes, le plein potentiel du show, adapté d’une minisérie anglaise de 1990, ne se révèle qu’ensuite, trouvant le juste équilibre entre fable acide et étude de caractères ménageant une place de plus en plus conséquente au très beau personnage d’épouse incarné par la divine Robin Wright, qui règne sur la dernière saison. • G.R.

 

Breaking Bad de Vince Gilligan (Netflix, 5 saisons) 

Sur le papier, Breaking Bad avait déjà tout du show audacieux. L’histoire d’un Américain moyen, Walter White, ni exceptionnel ni antipathique, prof de chimie anodin, père de famille effacé (Bryan Cranston, l’éternel papa de Malcolm dans nos coeurs) qui, apprenant qu’il est condamné par un cancer du poumon, se lance dans une entreprise (carrément rentable) de fabrique de métamphétamine. Il s’associe alors à Jesse Pinkman (Aaron Paul), un ancien élève paumé devenu trafiquant. Aussi séduisant que casse-gueule, ce pitch aurait vite pu tomber aux oubliettes, si son showrunner de génie Vince Gilligan n’avait pas su le transformer en un portrait fascinant, celui d’un anti-héros qui questionne la limite de notre empathie envers les êtres fictifs. Au fil de cinq saisons d’une efficacité clinique, on éprouve d’abord de la tendresse pour Walter White, puis de la répulsion et du dégoût, dans un mélange d’émotions contradictoires qui nous empêche de trancher moralement, de condamner ses actions ou de les imputer à un modèle politique plus général – bien que le système de santé américain soit clairement pointé du doigt. Conclusion : Breaking Bad, avant d’être un divertissement grinçant, drôle, toujours surprenant en dépit de sa grande cohérence, est surtout l’histoire universelle d’une métamorphose monstrueuse, celle d’un monsieur-tout-le-monde pris au piège de son propre pouvoir.  • L.A-S

 

 

Mad Men (AMC, 7 saisons)

Fut un temps où la télé avait des allures de cabinet de psy pour hommes d’âge mûr en colère : Jack Bauer (24h Chrono), Gregory House (Dr House), Walter White (Breaking Bad), Tony Soprano (Les Sopranos)… Autant de personnages imaginés au cours de la décennie 2000 par une génération de mâles américains blancs âgés de 40 à 50 ans, les David Chase, Vince Gilligan et autres « difficult men » décrits par Brett Martin dans son génial ouvrage Des hommes tourmentés. À l’heure de tirer sa révérence, en 2015 après sept saisons, Don Draper, le pubard surdoué de Mad Men, faisait figure d’ultime fossile de cette période. Au mitant des années 2010, c’était les héroïnes de Shonda Rhimes (Scandal, How to Get Away with Murder) qui triomphaient, un soap hip-hop (Empire) qui pulvérisait les audiences, c’était le public câblé qui se passionnait pour les épopées polyphoniques (The Walking Dead, Game of Thrones). En même temps, Matthew Weiner, le clairvoyant créateur de Mad Men, avait toujours envisagé Don comme le spécimen d’une espèce en voie d’extinction : ce mufle vieux jeu aura traversé les années 1960 en décalage croissant avec un monde chamboulé par la contre-culture, le féminisme et le mouvement des droits civiques. • G.R.


Fleabag
(BBC Three, 2 saisons)

Et voilà justement qu’un an plus tard, en 2016, débarque sur les écrans une série créée, écrite, réalisée et interprétée par une jeune anglaise brillante et intrépide : Phoebe Waller-Bridge. Avec une première saison courte, composée de 6 épisodes de 30 minutes (on vous confirme qu’on peut la regarder d’une traite en une soirée), la trentenaire imposait son ton vif et mordant, à base de lignes de dialogues incisives, de personnages admirablement croqués et de regards-caméra faussement complices adressés aux spectateurs. Sur le papier : le portrait d’une jeune londonienne qui navigue entre un deuil, les galères amoureuses et une famille impossible. À l’arrivée : une extraordinaire peinture de notre époque, aussi hilarante que sidérante, tant elle réussit à faire tenir un nombre incalculable de concepts et d’émotions en une poignée d’épisodes. La série ne compte que deux saisons (le suspense autour d’une troisième saison reste entier), mais a sacré une autrice majeure, qui officie déjà partout : elle est intervenue sur le script du prochain James Bond et a développé les séries Killing Eve (dont la diffusion de la troisième saison, avancée de deux semaines, vient de débuter sur Canal+ Séries) et Run, dont la première saison est en cours de diffusion sur OCS. • T.Z.

Le Bureau des légendes (Canal +, 5 saisons – en cours)

Dans l’ombre de la DGSE, le discret Bureau des légendes, département qui dirige les « clandestins », ces agents chargés de recruter et gérer de nouvelles sources de renseignement à l’étranger, vivent cachés, sous de fausses identités, avec toute la dangerosité et les tourments psychologiques que cela implique… Créée par Eric Rochant (Un Monde sans pitié), la série a marqué pour son acuité d’écriture, toute en suspense (il faut dire que la clique de scénaristes, d’Emmanuel Bourdieu à Pascale Ferran, fait rêver) au point d’attirer pas mal d’imposants cinéastes français – comme Jacques Audiard dans la dernière saison, en cours de diffusion. En cinq saisons, elle est devenue la meilleure série d’espionnage française : en plus d’être une étude implacable des affaires géo-politiques qui se jouent dans les couloirs de la diplomatie, elle propose une réflexion puissante sur la double identité, les rôles que l’on se joue à soi-même et aux autres pour se sentir en vie. • L.A-S.

 

Image de couverture : The Wire (c) HBO/Twin Peaks Saison 3 (c) Suzanne Tenner/SHOWTIME/ Breaking Bad (c) tmdb/ Mad Men (c) AMC

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