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Sonia Devillers : « Il n’y a que les films d’époque qui me font m’évader et m’apaisent »

  • Léa André-Sarreau
  • 2022-11-28

D’habitude, elle décortique les inconscients politiques et sociaux que renferment les images d’actualité, dans la matinale de France Inter, et dans sa nouvelle émission, « Le dessous des images », sur Arte. Aujourd’hui, la journaliste et essayiste, qui publie « Les Exportés », enquête foudroyante sur l’exportation de ses grands-parents juifs-roumains sous la dictature de Ceaușescu, se confie sur les images, cette fois-ci cinématographiques, qui peuplent son quotidien, en répondant à notre questionnaire cinéphile.

Décrivez-vous en 3 personnages de fiction.  

Le sheriff Wyatt Earp dans La Poursuite infernale de John Ford [ce personnage campé par Henry Fonda est inspiré d’un chasseur de bison ayant réellement existé au XIXe siècle, ndlr]. Albator dans Albator, le corsaire de l’espace, l’un des premiers animés japonais diffusés à la télévision française quand j’étais enfant [dans ce manga dystopique de Leiji Matsumoto, Albator joue le chef d’un équipage de pirates protégeant l’humanité d’une invasion guerrière, ndlr]. Et enfin, le roi Arthur qui préside aux destinées des chevaliers de la table ronde. Vous me direz, ce ne sont que des hommes, pas très drôles, incarnant la loi, pris dans des quêtes sans fin de justice et d’absolu. Pourtant, j’ai rêvé d’être chacun d’entre eux.  

Géraldine Sarratia, quelle cinéphile es-tu ?

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3 films sur la mémoire familiale qui vous touchent ?  

Le Regard d’Ulysse de Theo Angelopoulos qui retrace l’histoire des Balkans après la chute du communisme. J’y retrouve, mêlés, mes souvenirs d’enfance en Grèce et le passé de ma famille maternelle en Roumanie. Sinon, deux films inoubliables sur le rapport au père : Cinq pièces faciles avec Jack Nicholson, et Big Fish de Tim Burton. Le premier dit l’impossibilité d’être un fils à la hauteur des ambitions paternelles. Le second érige le mensonge et l’imagination comme voie magistrale de la transmission. Sublime.    

3 voix d’acteurs ou d’actrices qui sont douces à vos oreilles ?  

Celles de Bruno Ganz en allemand, de Lauren Bacall en anglais et de Monica Vitti en italien. En français, j’entends moins les voix. J’écoute les mots.  

Pacôme Thiellement, quel cinéphile es-tu ?

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3 films qui ont fait votre éducation politique ?  

La Règle du jeu de Jean Renoir, le premier film qui m’a fait réfléchir sur la bourgeoisie française. Hair de Miloš Forman, le premier film qui m’a fait détester la guerre du Vietnam. Les Damnés de Luchino Visconti, le premier film qui m’a fait comprendre l’Allemagne nazie de l’intérieur.  

3 images de cinéma dont vous aimeriez creuser le dessous ?  

L’arbre isolé, décharné, planté au bord de cette plage irréelle, dans Le Sacrifice d’Andreï Tarkovski. J’ai vu le film quand j’étais adolescente. J’en ai tout oublié, mais cette image épurée, somptueuse, est restée gravée dans ma mémoire. Je voudrais comprendre pourquoi. Une séquence de bataille dans Barry Lyndon. Ces scènes d’action sont construites comme des tableaux. Comment Stanley Kubrick parvient-t-il à allier le lyrisme et l’action ? Enfin, j’aimerais analyser l’apparition du dieu-cerf, roi de la forêt dans Princesse Mononoke de Hayao Miyazaki. Jamais vu image d’une telle puissance poétique. Un instant de cinéma suspendu.  

Jonathan Capdevielle, quel cinéphile es-tu ?

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Un film qui a suscité 3 heures de débat avec vos amis ?  

Parmi les discussions qui m’ont laissé des souvenirs cuisants, il y a Short Cuts de Robert Altman. Tout le monde était pour, je suis contre. En sortant, j’étais agacée, en colère, convaincue que le cinéaste méprisait ses personnages et qu’il nous invitait à faire de même [le film met en scène les destins tragiques de vingt-deux personnages dans le Los Angeles des années 1980, ndlr]. Et puis Lalaland de Damien Chazelle, à mes yeux le portrait d’une génération qui ne pense qu’à sa gueule et à sa petite carrière. Pas inspirant du tout, désespérant. Je suis prête à me disputer à nouveau.  

Nicolas Mathieu, quel cinéphile es-tu ?

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Un film à regarder à 3h du mat, une nuit d’insomnie ?  

Un film en costumes, évidemment. Il n’y a que les films d’époque qui me font m’évader et m’apaisent. Je choisirais parmi Autant en emporte le vent de Victor Flemming, Le Guépard de Luchino ViscontiOrgueil et préjugés de Joe Wright ou Le Temps de l’innocence de Martin Scorsese. Tous les plans sont beaux, tous les gens sont beaux. On s’en va loin dans l’espace et dans le temps. Je voudrais vivre dans un immense manoir. Porter une belle robe, vivre une folle passion. Bref, la nuit, faut du bon cinéma qui fait du bien. Or, si je veux me rendormir, vaut mieux une fresque historique qu’une comédie musicale, parce que les comédies musicales, j’aime tellement ça que je chante, je danse et je trépigne jusqu’au bout de la nuit.  

Les ExportésFlammarion, 2022, 288 p., 19e 

L’invité de 9h10, tous les matins sur France inter  

Le dessous des images, épisodes disponibles sur Arte 

Portrait (c) Pascal Ito pour Flammarion

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