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  • Cannes 2021
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  • 5 min

« Les Olympiades » de Jacques Audiard : libres échanges

  • Damien Leblanc
  • 2021-07-15

En filmant les aventures amoureuses et sexuelles de jeunes adultes désabusés du 13e arrondissement de Paris, Jacques Audiard redonne de la vitalité à son cinéma.

Stimulé par la question de son propre renouvellement artistique depuis sa Palme d’Or obtenue en 2015 pour Dheepan (après quoi il tourna son premier film anglophone avec Les Frères Sisters puis sa première série télévisée en réalisant deux épisodes du Bureau des légendes), Jacques Audiard pousse toujours plus loin son désir de réinvention avec Les Olympiades.

Premier long métrage du cinéaste tourné en noir et blanc, ce récit choral sentimental a été coécrit avec les réalisatrices Céline Sciamma et Léa Mysius et s’ancre dans un territoire rarement filmé, celui du très dynamique 13ème arrondissement de Paris et de son architecture verticale qui a considérablement muté ces dernières années.

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Librement adapté de trois nouvelles graphiques d’Adrian Tomine, Les Olympiades fait se croiser plusieurs jeunes adultes aux origines variées : Émilie (l’épatante Lucie Zhang) enchaîne les petits boulots malgré ses diplômes prestigieux et fuit ses obligations vis-à-vis de sa grand-mère souffrant d’Alzheimer ; Camille (le facétieux Makita Samba), professeur vacataire endeuillé qui prépare l'agrégation sans grand enthousiasme, cherche une place en colocation et se cherche surtout amoureusement ; Nora (l’expérimentée Noémie Merlant), trentenaire arrivée de Bordeaux pour reprendre ses études de droit, subit le harcèlement d’étudiants qui la mèneront à la rencontre d’une travailleuse du sexe, la cam-girl Amber Sweet (jouée par la chanteuse Jehnny Beth).

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Suivant l’art bien connu du marivaudage, ces protagonistes vont mutuellement se séduire, se désirer, se déchirer. Le regard que porte Jacques Audiard sur cette jeunesse contemporaine désabusée - consommatrice de rencontres éphémères et confrontée à la crise de l’emploi - se fait parfois bancal mais le cinéaste confère une belle vitalité à ces corps semblant en lutte et portés par une rage de survie constante.

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Aucune intrigue policière, aucun meurtre ne s’invite ici puisque ce qui anime en réalité le cinéaste, plus encore que de dresser le portrait d’une classe sociale déterminée, est d’étudier la libido et les comportements sexuels de ses héros. Comme il l’avait fait dans Le Bureau des légendes, Audiard s’intéresse donc aux séquences de sexe, la recherche du plaisir charnel constituant désormais le principal fil reliant son cinéma à l’expérience du monde sensible et organique. Comme si, dans une époque où les individus sont de plus en plus confinés dans des espaces réduits, l’univers ne demandait qu’à être réinvesti par la sensualité.

Les Olympiades de Jacques Audiard, sortie le 3 novembre 2021

Image : Copyright Shanna Besson

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