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« I Wish I Knew » de Jia Zhang-ke : découvrez le trailer de la version director’s cut
- Léa André-Sarreau
- 2020-01-21
Ce documentaire saisissant sur les mutations de Shanghai vues à travers un kaléidoscope de témoignages ressortira le mois prochain aux Etats-Unis.
Si le cinéma de Jia Zhang-ke n’a pas de secret pour vous, vous savez probablement que son thème de prédilection est la mutation urbaine tentaculaire, avec tout ce qu’elle engendre de transformations économique et sociales, de drames personnels et politiques. Et vous avez aussi sûrement déjà vu I Wish I Knew, documentaire présenté à la Semaine de la critique à Cannes en 2010, qui dressait un ample portrait de Shanghai à travers le destin croisé de dix-huit personnes ayant habité cette ville hybride, tiraillée entre le passé et la modernité, où se côtoient dans l’indifférence buildings monstrueux et quartiers traditionnels.
Aux exégètes de sa filmographie, on signale donc qu’une version director’s cut de 118 minutes du film sortira aux Etats-Unis – en avant-première à New York le 24 janvier, puis à Los Angeles et Chicago à partir du 14 février prochain.
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Peu de chances que vous ayez pris des billets pour un séjour express là-bas, mais comme Indiewire a partagé un beau trailer de cette nouvelle version, l’info valait la peine d’être partagée. En attendant de savoir si on pourra voir ce director’s cut en France, voici trois bonnes raisons de se replonger dans I Wish I Knew.
D’abord parce que son architecture polyphonique permet de saisir la grande diversité sociologique qui définit Shanghai et ses fractures : qu’ils soient enfants de politiciens, anciens soldats, criminels et artistes (on citera notamment le maître taïwanais Hou Hsiao-hsien), tous les intervenants du film témoignent avec sensibilité d’une certaine réalité de la ville, qu’elle soit amère, nostalgique ou joyeuse.
Il faut aussi le revoir pour l’actrice fétiche du cinéaste, Zhao Tao, qu’il filme avec une tendresse silencieuse, en train d’errer dans le parc de l’Exposition universelle de Shanghai.
Enfin, dernière raison : pour la façon dont Jia Zhang-ke, totalement affranchi de l’esthétique conventionnelle du documentaire, apporte une force romanesque à son récit en l’émaillant de plans presque subliminaux et poétiques sur la ville désertée, les appartement en lambeaux, les rues filant comme des artères vides. Justement, ça tombe bien, TROISCOULEURS a consacré un supercut à l’esthétique des ruines dans le cinéma de Jia Zhangke.
Ci-dessous, le merveilleux trailer d’I Wish I Knew, en attendant des nouvelles de son prochain documentaire So Close to My Land: