‘‘Sissi & moi’’ de Frauke Finsterwalder : princesse pop

Longtemps, elle fut un mythe romantique. Pour l’impératrice Sissi, voici l’heure de la réinvention au cinéma. Après Corsage (2022), relecture féministe d’une vie empêchée par le poids des conventions et du statut, voici Sissi et moi, variation tout aussi féministe mais encore plus trouble sur les dernières années de règne d’Elisabeth.

Le point de vue est déplacé vers Irma (Sandra Hüller, impériale), embauchée pour être la dame de compagnie de la souveraine autrichienne. Après un entretien des plus déplaisants, où on lui examine les dents comme un cheval de foire, et une dernière épreuve de saut de haie en robe d’époque, la quadragénaire se lance dans le plus difficile : apprivoiser l’impétueuse souveraine (Sabrina Wolff, toute de fougue et d'ambiguïté).

Quelque part entre le venin de La Favorite de Yórgos Lánthimos , et les jeux de regard de Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, Sissi & moi raconte la relation possessive et déséquilibrée entre deux âmes qui n’aspirent qu’à se libérer des carcans de leur genre, et des hommes par la même occasion.

La réalisatrice allemande Frauke Finsterwalder assume les anachronismes, de la bande-son (le film s’ouvre sur du Portishead) aux costumes (Irma et Sissi portent des pull-overs). Et la cruauté comique de son duo d’actrices vient confirmer que l’impératrice autrichienne a bien quitté le mythe romantique pour devenir une figure de la pop culture.

: de Frauke Finsterwalder (Kinovista, 2h12), sortie le 25 octobre