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Vu à la Berlinale : « In water » d'Hong Sang-Soo, flou artistique

  • Corentin Lê
  • 2023-02-23

Dans une station balnéaire, un jeune cinéaste se prépare à tourner un court métrage. Nouveau film minuscule et bouleversant d’Hong Sang-soo, « In water » est surtout une chronique entièrement floue, où l’imprécision de l’image invite à regarder au-delà des apparences.

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Dans le récent Juste sous vos yeux, Hong Sang-soo optait pour une image précaire constituée de nombreuses zones surexposées. Après l’irradiation, l’indistinction : In water est un film qui, à deux trois plans près, est intégralement flou. Un choix radical qui dessine une voie de plasticien pour le cinéaste passé maître dans l’art de sublimer l’anodin.

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Chaque plan s’apparente à une peinture impressionniste, signée Cézanne ou Monet, dans laquelle on ne peut pas toujours reconnaître les visages et les éléments du décor. Ce qui nourrissait déjà les récits d’Hong Sang-soo – le trouble qui accompagne certaines situations dont on a du mal à distinguer les contours – contamine l’image même de ce film à part, qui est aussi l’un de ses plus brefs (1h01). Comme une toile miniature, In water suit le tournage d’un court métrage amateur composé d’une équipe de trois personnes (un réalisateur, un chef opérateur et une actrice) se promenant dans une station balnéaire.

Mais l’inspiration ne vient pas immédiatement au jeune cinéaste, qui a puisé dans ses propres économies pour tourner ce film dont il ignore encore beaucoup. Le miroir est évidemment tendu à Hong Sang-soo lui-même, réputé pour écrire ses scènes le matin même de la journée où celles-ci s’apprêtent à être tournées. Son avatar est en l’occurrence noyé dans une sorte de flou artistique, humant l’air frais du littoral en attendant de savoir quoi filmer. in water s'affirme à cet égard comme un film minuscule, constitué d’une poignée de scènes à peine mais qui parvient, justement, à émouvoir avec trois fois rien. C’est par exemple cette petite musique, composée par Hong Sang-soo, revenant comme un leitmotiv mélancolique accompagné de plans de paysages ; ou encore cette brève rencontre entre le cinéaste et une femme occupée à ramasser les déchets laissés par des touristes négligents.

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Dans ces scènes anodines mais étranges, qui permettront au personnage de trouver l’idée de son film, voir trouble revient paradoxalement à mieux voir ce qui se cache sous une chronique en apparence très légère : le désespoir, la difficulté de vivre et la tentation de quitter le champ du visible pour s’évanouir soi-même dans le flou.

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