« La Romancière, le film et le heureux hasard » : la nouvelle merveille imbibée de Hong Sang-soo
À coup de bière ou de soju, les personnages écrits par le réalisateur sud-coréen s’en donnent à cœur joie pour se mettre la tête à l’envers. L’alcool devient presque un motif à part entière de la filmographie du cinéaste, peuplée de romanciers, professeurs, artistes ou réalisateurs qui cherchent à combler un vide existentiel soit par la création, soit par cet état second atteint par l’absorption de bouteilles. Lors de séquences de retrouvailles (souvent décevantes), les moments d’ébriété permettent un accès à des vérités désagréables et frontales, provoqués par la désinhibition : dans Le Pouvoir de la Province de Kwangon (1998), une des trois étudiantes se retrouve accusée d’être méprisante par sa camarade, enhardie par les effets de l’alcool.
D’apparence festives, et même si elles nous font parfois esquisser un sourire, les scènes d’alcoolisme dans les films d’Hong Sang-soo dissimulent une énergie triste : des situations pathétiques où les demandes d’affections se heurtent violemment à des murs comme dans Le Jour où le cochon est tombé dans le puits (1996) ou La Vierge mise à nu par ses prétendants (2000). On rappelle que l’alcool est à consommer avec modération, contrairement au cinéma de Hong Sang-soo.
Montage : Nicolas Longinotti pour TROISCOULEURS