
Film noir (Laissez bronzer les cadavres), giallo (L’Étrange Couleur des larmes de ton corps), sexploitation (O Is for Orgasm)… Hélène Cattet et Bruno Forzani prennent un plaisir gourmand, voire parfois glouton, à raviver la flamme du cinéma d’exploitation italien des années 1960. Leur prochaine incursion au pays du bis les mène sur les rives de l’Eurospy, décalque fauché de James Bond à la sauce spaghetti dont Sergio Grieco fut le chantre sous le pseudonyme de Terence Hathaway.
Cattet et Forzani narrent ici l’errance mentale d’un espion chenu retiré des affaires (Fabio Testi, parfait avatar désargenté de Sean Connery), à cheval entre le présent et un passé qui le rattrape au triple galop. Le livre d’images de Reflet dans un diamant mort emprunte à l’esthétique foisonnante de la pop culture des sixties, convoquant notamment le fumetto (Diabolik, référence assumée par les réalisateurs) et l’op art (en infusion dans Modesty Blaise, adaptation d’un comic strip britanniquepar Joseph Losey).
Par sédimentation visuelle émergent les contours d’un monde en nuances de gris lardé de chausse-trappes et de faux-semblants. Hélène Cattet et Bruno Forzani esquivent habilement l’écueil du pur exercice de style fétichiste dans un film vertigineux hanté par une image manquante. Brillant, mais pas clinquant.
Reflet dans un diamant mort d’Hélène Cattet et Bruno Forzani, sortie le 25 juin, UFO (1 h 27)