
Singulière expérience que de découvrir Les Cavaliers des terres sauvages à l’heure où le président argentin Javier Milei, tronçonneur émérite servant la cause du climatoscepticisme, saigne l’agriculture paysanne à la jugulaire. L’Argentine filmée par Michael Dweck et Gregory Kershaw résiste encore et toujours aux migrations agricoles, à la broyeuse ultralibérale et à la fièvre immobilière invasive.
Le mode de vie autarcique de ces indomptables cavaliers est dicté par le code d’honneur du gaucho, un cow-boy made in Argentina, bien plus droit que ce que le titre du film laisserait supposer. Car on ne naît pas gaucho, on le devient. Fruit de longs mois d’observation in situ, Les Cavaliers des terres sauvages illustre les us et coutumes d’une communauté d’éleveurs de chevaux caractérisée par un attachement viscéral à ses terres arides et à des règles ancestrales teintées de virilisme.
Dweck et Kershaw brossent une galerie de portraits bigarrés (une aspirante gaucho, un éleveur de bétail, un DJ, un chaman…), éclairés par des lumières low-key semblables à celles que composait le directeur de la photographie James Wong Howe à l’âge d’or de Hollywood. Une fresque à la beauté sidérante sur un monde menacé de disparaître avec les derniers rayons du soleil.
Les Cavaliers des Terres sauvages de Michael Dweck et Gregory Kershaw, sortie le 22 octobre, Tandem (1 h 24)