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Éric et Ramzy, arty chauds

  • Timé Zoppé
  • 2016-02-10

Quinze ans après, ça fait quoi de constater que La Tour Montparnasse infernale est devenu culte ?
Ramzy bédia :
On a tellement entendu dire que c’était dela merde…
Éric judor : Je crois que le film a une étoile et demie sur Allociné.
R. B. : En fait, on se méfie encore aujourd’hui quand les gens nous disent que le film est culte. Les insultes à sa sortie nous ont tellement blessés que maintenant… « Chat échaudé », quoi.
É. J. : On prend conscience seulement maintenant, depuis le début de la promo, de la puissance du film dans la mémoire des gens. C’est incroyable : on est entre Kev Adams et Justin Bieber.
R. B. : Oui, mais bon, quand même… « Chat échaudé. »

Vous pensez que certaines répliques de La Tour 2 contrôle infernale pourraient devenir culte ?
É. J. :
Holà ! non. On ne sait jamais comment les gens vont s’approprier quelque chose.
R. B. : Si on nous avait dit que « Le caca, c’est délicieux » deviendrait culte…
É. J. : En fait, on ne réfléchit pas tellement en termes de gimmicks. À part la vanne sur les points communs dans La Tour 2 contrôle infernale, qu’on reprend plusieurs fois de suite pour le rythme du gag, on ne place pas une réplique toutes les trois scènes pour la faire rentrer dans la tête des gens.


J’ai lu que votre première coréalisation, Seuls Two (2007), n’avait pas été une bonne expérience. c’est pour cette raison qu’Éric signe seul la réalisation cette fois ?
R. B. :
Seuls Two est arrivé au moment où on en avait marre de ne pas tout maîtriser sur nos films. Écrire et jouer, c’est bien, mais c’est le réalisateur qui a le dernier mot. On s’y est mis ensemble parce qu’on faisait toujours tout à deux. Pour La Tour 2 contrôle infernale, c’était une question de bon sens qu’Éric prenne en charge la mise en scène tout seul : il avait déjà fait l’équivalent de six longs métrages puisqu’il avait réalisé deux saisons de sa série Platane. Du coup, c’était lui le chef. Ça fout un coup à l’ego.

Avec Jamel Debbouze et la série H, vous avez lancé un humour singulier. pensez-vous avoir hérité d’un esprit et avoir transmis le vôtre à la nouvelle génération ?
É. J. :
On a des influences venues de notre enfance. On regardait tous les deux les films des Marx Brothers, on adorait Harold Lloyd, un peu moins Charlie Chaplin de mon côté. À la télé, je suivais les Nuls ; Ramzy, c’était les Inconnus. Mais quand on a commencé notre carrière, on voulait faire un humour qui ne ressemble à aucun autre. Aujourd’hui, à chaque fois qu’on me dit « Tu devrais regarder ces gars, comment ils vous imitent », je ne trouve jamais de ressemblance.
R. B. : Je vois des imitateurs de Jamel à la pelle, mais de nous, non. On n’a aucun style, en fait.
É. J : Je pense qu’on en a un, mais c’est quand même très particulier ce qu’on génère ensemble, il se passe un truc qu’on ne gère pas du tout. Ça devient une sorte de Capitaine Caverne, une chose qu’on n’arrive pas nous-même à identifier ni à décrire. Je sais juste que quand on décolle ensemble, ça ne peut être que nous.

Après plusieurs succès populaires, pourquoi avoir joué dans le très arty Steak (2006) de Quentin Dupieux ?
É. J. :
C’était une vraie envie artistique. À nos débuts, on ne faisait pas de concession, mais ensuite, on s’est un peu perdus dans des trucs plus grand public. Notre deuxième film ne devait pas être Double Zéro, mais Moyen Man, qui devait être réalisé par Michel Hazanavicius et qui correspondait à notre ligne artistique. Le producteur nous a plantés, et le film ne s’est pas fait. Du coup, on s’est précipités sur Double Zéro, que Thomas Langmann nous tendait, et ensuite, on a fait Les Dalton. Bref, on est rentrés dans un truc confortable : on faisait des films, on était bien payés, on voyageait, on était contents. Mais on avait complètement zappé nos aspirations de départ. Quand on a vu Nonfilm de Quentin Dupieux, on s’est dit…

Avec votre série Moot-Moot, qui n’a malheureusement connu qu’une seule saison, vous avez tenté de faire, pour la première fois en France, de l’animation pour adultes à la South Park.
É. J. :
C’était l’idée. On a eu la chance qu’Arielle Saracco, la directrice des programmes de Canal+, nous fasse une confiance aveugle sur ce projet. Elle a validé tous les épisodes avant même l’écriture. Le problème, avec Moot-Moot, c’est qu’il y a dix vannes à la seconde ; c’est un taf d’écriture de dingue. On n’est pas aux États-Unis. Nous, il n’y a qu’un auteur qui nous convienne, c’est Nicolas Orzeckowski, avec qui on a écrit Platane et La Tour 2 contrôle infernale. Donc notre réservoir est un peu vide…


Qu’est-ce qui vous fait rire aujourd’hui ?
R. B. :
Il y a un type qu’on adore, Monsieur Fraize. C’est en dehors de tout le reste. Pour nous, c’est du génie.
É. J. : Dernièrement, Bun Hay Mean m’a bien fait marrer aussi. En plus léger, j’aime bien le Woop, des jeunes qui font des vidéos marrantes sur Internet. Ça se voit qu’ils bossent, c’est agréable. Y’a de l’écriture, de la mise en scène, du jeu… Ce n’est pas juste une énergie.
R. B. : En tout cas, on n’est pas du tout du genre à dire : « Les jeunes ne nous font pas marrer ! » Nous, à nos débuts, on envoyait des cassettes vidéo à Didier Gustin, et c’était lui qui décidait si on passerait ou pas dans une émission musicale sur France 3. Aujourd’hui, tout seul dans ta chambre, tu mets en ligne ta vidéo sur YouTube et t’as un accès direct au public.

Pour la suite, je crois que vous comptez remonter sur scène ensemble…
É. J. :
Les gens le demandent.
R. B. : Back by popular demand.
É. J. : Ce sera très prochainement, dans moins de deux ans, je pense.
R. B. : On peut faire d’autres films d’ici-là, les gens nous diront toujours : « Super, le film. Mais le spectacle, c’est pour quand ? » C’est fou, parce qu’une place de spectacle, c’est quarante balles, et un ciné, dix euros. Ils s’en foutent. Ils pourraient voir quatre films de nous, mais ils préfèrent voir un spectacle.
É. J. : Ils sont cons, les gens.
R. B. : « Putain ! c’est ça. »

La Tour 2 contrôle infernale
d’Éric Judor (1h28)
avec Éric Judor, Ramzy Bédia …
sortie le 10 février

 

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