
On aurait pu craindre une pâle resucée à la lecture du pitch de Last Stop: Yuma County, huis clos sanglant et rigolard gorgé de références à la nouvelle vague hollywoodienne. Forcément, Reservoir Dogs. Forcément, Les Huit Salopards. Cymbales remisées au placard, Francis Galluppi fouille dans le terreau fertile de la série B bitumée.
Yuma County suit une tripotée d’automobilistes en panne d’essence coincés dans un diner de bord de route en attendant un ravitaillement (qui ne viendra pas, sait-on d’emblée). Parmi eux, des épigones des outlaws de La Balade sauvage de Terrence Malick, un couple de Texans à la retraite, un représentant de commerce en coutellerie (Jim Cummings, génial sosie de Norman Bates) ainsi que deux braqueurs de banque mal assortis.
S’il s’en tenait au dispositif qui structure sa narration, Francis Galluppi ne tirerait pas son épingle du jeu. À cheval entre le neo-noir (qu’il noyaute goulûment) et le western (dont il emprunte le cadre), Last Stop: Yuma County se démarque du tout-venant de la « tarantinade » par son humour pressé à froid, son nihilisme acerbe et son sens de la coupe incisive. Galluppi privilégie la combustion lente dans cet exercice de style jouissif au timing virtuose, préambule à une carrière qu’on espère électrisante.
Last Stop : Yuma County de Francis Galluppi, sortie le 6 août, The Jokers (1 h 30)