
Evy, Lila, Anta et Talia ont aujourd’hui 30 ans. En 2015, quand Nora Philippe commence à les filmer sur le prestigieux campus 100% féminin de Barnard College, elles sont toutes féministes et adeptes d’un progressisme militant. Leur activisme politique va-t-il s’éroder sous le poids des années? Pas vraiment et tant mieux, car les occasions de s’indigner ne manqueront pas : le documentaire choral décrit leur évolution personnelle sur le temps long, à la façon d’un Boyhood, sur fond de Covid, de mouvements sociaux (Black Lives Matters, marche des femmes, MeToo…) et d’élections remportées deux fois par Donald Trump, président qui se fait l’ennemi absolu de toutes leurs idées woke.
À ce quadruple récit d’émancipation dans la résistance, le film ajoute la voix de la réalisatrice elle-même. Narré sous la forme d’une lettre à sa fille, le documentaire de Nora Philippe n’hésite pas à évoquer le contrechamp intime de la cinéaste, mère célibataire en tournage à New York : entre deux archives familiales, elle relate ainsi ses tracas de financement auprès de guichets prétendument saturés de films post-MeToo, entretiens qu’elle reconstitue avec humour à l’aide bricolée de l’IA. Même sous cette forme satirisée, le message aux générations futures ne bouge pas : ne lâchez rien, les filles.
Girls for Tomorrow de Nora Philippe, Una Mattina Films (1 h 38), en salles le 10 décembre
