
Normand et (très) fier de l’être, Gérald dirige une ferme pédagogique avec son épouse, mais son projet de vie va bien au-delà : grand admirateur de Guillaume le Conquérant, il souhaite lui consacrer le plus grand parc d’attractions de France, reconstitutions de la bataille d’Hastings à l’appui. Devant une caméra de télévision, il expose sans retenue son régionalisme à toute épreuve et ses ambitions qui redonnent tout son sens au mot « démesure ».
Réalisateur, coauteur et acteur principal, Fabrice Éboué trouve le terrain idéal pour renouer avec deux de ses marottes : le faux documentaire (comme dans Inside Jamel Comedy Club, série coécrite avec Blanche Gardin et Thomas Ngijol) et la dénonciation outrancière des obsessions franchouillardes (comme dans Barbaque, son précédent film). Gérald le conquérant va loin, très loin, faisant exploser les conventions et les animaux sans jamais craindre d’être too much.
Yeux torves et longs regards caméra façon The Office : Éboué explore l’intégrisme de son médiocre personnage avec une jubilation communicative, bien aidé par le jeune comparse Logan Lefèbvre, à l’aise dans le rôle de son beau-fils particulièrement demeuré. Les amoureux de Bernie et de C’est arrivé près de chez vous ne se sentiront pas dépaysés : s’il délaisse peu à peu ses ambitions de satire politique, Gérald le conquérant reste une comédie grinçante tout à fait fréquentable.
