
ÉDITO · Il y a exactement un an, nous titrions notre numéro de rentrée « L’Iran en mouvement ». Les Graines du figuier sauvage, le grand film de Mohammad Rasoulof qui nous avait fait si forte impression à Cannes 2024, sortait en salles. Cela nous donnait l’occasion de prendre le pouls de la situation, en interrogeant des artistes iraniens exilés (Rasoulof, l’actrice de son film Mahsa Rostami ou encore Zar Amir Ebrahimi, Prix d’interprétation à Cannes en 2022), au lendemain du mouvement « Femme, vie, liberté » ayant secoué la société à partir de septembre 2022, à la suite de l’arrestation de l’étudiante Mahsa Amini par la police des mœurs et sa mort trois jours plus tard.
Le 24 mai dernier, le cinéma iranien underground était définitivement consacré à travers l’un de ses représentants historiques, Jafar Panahi : son film Un simple accident recevait la Palme d’or d’un jury présidé par l’engagée Juliette Binoche. Fort de cette reconnaissance et de cette visibilité mondiales, il avait pu rentrer dans la foulée à Téhéran sans être inquiété par les autorités, lui qui était interdit de tourner en Iran depuis 2010.
De quoi parle cette Palme ? Du traumatisme laissé par les geôliers de la prison d’Evin, celle dans laquelle Panahi a été détenu plusieurs fois. Son dernier séjour a duré de l’été 2022 – en même temps que Mohammad Rasoulof pour avoir signé un appel demandant aux forces de l’ordre de ne plus menacer de civils avec leurs armes – à février 2023 – il en a été libéré après une grève de la faim pour protester contre les conditions de détention. Le régime envoie ou menace d’envoyer dans cette prison ses opposants, toutes celles et ceux qui échappent à son contrôle. Malgré tout, les cinéastes continuent de résister, de créer, de tourner. Mais comment? C’est ce qu’on a voulu savoir en interrogeant longuement Jafar Panahi, en août à Paris, sur son parcours, et en enquêtant sur la fabrique du cinéma underground iranien actuel.

À la fin d’Un simple accident, un choix des plus difficiles mais décisif est pris pour pouvoir aller de l’avant. Ainsi tranche Jafar Panahi, dans un geste tourné vers ses compatriotes meurtris et ses collègues jeunes et moins jeunes qui œuvrent pour continuer de faire battre le cœur d’un pays à feu et à sang, mais toujours en mouvement. Et, donc, en vie. · TIMÉ ZOPPÉ
AU SOMMAIRE DU N°218
EN BREF 🏃♀️
- Nouvelles stars : Chriss Itoua et Shih-Ching Tsou
- Divine Gang : Gregg Araki
- Règle de 3 : Hélène Frappat
- Making of : en tournage avec Lila Pinell
CINÉMA 🎥
- En couverture : Jafar Panahi pour Un simple accident
- Décryptage : Óliver Laxe pour Sirāt
- Entretien : Radu Jude pour sa restrospective
- Histoires du cinéma : Patrice Chéreau
CULTURE 🎨
- Série : Empathie de Florence Longpré
- Expo : Théo Mercier
- Portfolio : Robert Doisneau
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