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L'album du mois ⸱ « Le Film : le commencement Zuukou Mayzie » de Zuukou Mayzie
- Éric Vernay
- 2022-10-03
C’est le plus pop et le plus cinéphile des rappeurs du ténébreux collectif franco-sénégalais 667 : Zuukou Mayzie ne fait rien comme les autres, et c’est pour ça qu’on l’aime.
Le collectif en question, surnommé La Ligue des Ombres, développe depuis une dizaine d’années une esthétique paranoïaque et cryptique. Le plus connu de ses membres, Freeze Corleone, est l’ami d’enfance de Youssouf Sy, alias Zuukou Mayzie. Comme le reste du 667, les deux garçons se sont rencontrés à Dakar, dans le très huppé lycée français Jean-Mermoz. Moins branché rap que le reste de la bande, Zuukou Mayzie rêve alors de mode et de septième art. Le neveu de la styliste star Oumou Sy (costumière de Hyènes de Djibril Diop Mambéty) optera d’ailleurs pour des études de cinéma, avant de se laisser tenter par le mic que lui tend obstinément l’ami Freeze.
Depuis 2017, Zuukou impose son charisme extraterrestre et liquoreux, en décalage avec les exploits techniques de ses collègues du 667 : Disneyland, sa première mixtape, ose ainsi des instrus eurodance et des couleurs pastel. Au découpage de beats, le flegmatique francilien préfère le collage pop à la Quentin Tarantino. Chez lui aussi, la logorrhée sentimentale n’empêche pas l’embardée brutale. Ivre de métissages musicaux (EDM, drill UK, hyperpop, rap italien ou coréen, lo-fi… et même quelques mesures de l’acteur Tom Hardy, dont Zuukou est fan hardcore) et de références ciné (chaque morceau porte le nom d’un de ses films de chevet, la pochette rend hommage à Seven), son dernier projet, Le Film. Le commencement, est l’aboutissement de ce que Zuukou nomme la « wok musique » : un mix de mets a priori contre nature, mais délicieux. Réservé aux gourmets.
> Le Film. Le commencement de Zuukou Mayzie (Jeune à Jamais)