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Locarno 2022 : le palmarès
- Timé Zoppé
- 2022-08-13
La 75e édition du festival de Locarno s’achève aujourd’hui. Une édition bien équilibrée entre cinéastes « installés » aux propositions fortes et un jeune cinéma aux formes éclectiques. Avec partout un même élan politique, entre geste radical quasi nihiliste et pistes vers un renouveau.
Si, dans la Compétition internationale, on a particulièrement aimé les films des « grands noms » (les radicaux et noirs Fairytale d’Alexandre Sokourov et Bowling Saturne de Patricia Mazuy), on se réjouit que le jury (qui était composé entre autres de deux cinéastes qu’on adore et à qui on fait une confiance aveugle, Alain Guiraudie et Laura Samani) ait choisi de récompenser de beaux films audacieux de la nouvelle garde.
Ainsi, c’est le politique, bouillonnant et charnel Regra 34 (Rule 34) de la Brésilienne Julia Murat qui remporte le Léopard d’or, tandis que l’âpre et sensoriel coming-of-age Tengo Sueños Eléctricos de Valentina Maurel, premier long de cette réalisatrice costa-ricaine installée en Belgique, rafle pas moins de trois prix : ceux de la mise-en-scène et d’interprétation féminine et masculine pour Daniela Marín Navarro et Reinaldo Amien Gutiérrez (respectivement une ado farouche et son père en pleine régression après son divorce). Soit deux films qui épinglent de manière différente les ravages du patriarcat sans pour autant sombrer dans le pessimisme.
L’autre grande proposition politique selon nous venait de Nikolaus Geyrhalter avec son documentaire Matter Out of Place qui montre avec une force hypnotique et un sens du cadrage remarquable les aberrations du traitement des déchets à travers le monde – et qui donne furieusement envie d’obliger tout le monde à la décroissance. Sans doute l’un des films sélectionnés cette année les plus directement militants, avec aussi Annie Colère de Blandine Lenoir, film bien plus doux que son titre le suggère, sur le trajet d’une ouvrière (toujours géniale Laure Calamy) qui découvre les réseaux illégaux pour pouvoir avorter avant la promulgation de la loi Veil, en 1975.
Laurie Anderson, quelle cinéphile êtes-vous ?
Lire l'articleEn Compétition internationale, on a eu le plaisir de trouver un premier long métrage de fiction queer et atmosphérique, De noche los gatos son pardos de Valentin Merz (qui remporte une mention spéciale dans la catégorie Meilleur premier film), sur un tournage de film porno champêtre interrompu par un drame. On y a flairé des vapeurs du cinéma de Miguel Gomes ou encore Joao Pedro Rodrigues, un ton et des représentations rafraîchissantes. Parfait, entre deux baignades dans le lac Majeur, pour se calmer après avoir vu tant de films brûlants sur les innombrables luttes à continuer de mener.
Compétition internationale
Léopard d’or : Regra 34 (Rule 34) de Julia Murat
Prix spécial du jury : Gigi la legge d’Alessandro Comodin
Prix de la mise en scène : Valentina Maurel pour Tengo Sueños Eléctricos
Prix d’interprétation féminine : Daniela Marín Navarro pour Tengo Sueños Eléctricos de Valentina Maurel
Prix d’interprétation masculine : Reinaldo Amien Gutiérrez pour Tengo Sueños Eléctricos de Valentina Maurel
Compétition Cinéastes du Présent
Léopard d’or : Svetlonoc (Nightsiren) de Tereza Nvotová
Prix du réalisateur émergent : Juraj Lerotić pour Sigurno Mjesto (Safe Place)
Prix spécial du jury Ciné+ : Yak Tam Katia ? (How is Katia ?) de Christina Tynkevych
Prix d’interprétation féminine : Anastasia Karpenko pour Yak Tam Katia ? (How is Katia ?) de Christina Tynkevych
Prix d’interprétation masculine : Goran Marković pour Sigurno Mjesto (Safe Place) de Juraj Lerotić
Mention spéciale : Den Siste Våren de Franciska Eliassen
Prix du court métrage : Black Sun de Arda Çiltepe
Meilleur premier film
Sigurno Mjesto (Safe Place) de Juraj Lerotić
Mentions spéciales : Love Dog de Bianca Lucas
De noche los gatos son pardos de Valentin Merz
Retrouvez le palmarès complet en cliquant ici.
Image de couverture : Regra 34 (Rule 34) de Julia Murat (c) D.R.