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« Un homme perdu » de Danielle Arbid
- Trois Couleurs
- 2021-01-11
Naviguant sans cesse en eaux troubles, ce road-movie magnétique est signé par la réalisatrice française d’origine libanaise Danielle Arbid (Peur de rien ou prochainement Passion simple). Photographe français en quête de sensations extrêmes, Thomas Koré (Melvil Poupaud) pose ses valises en Jordanie, où il croise la route de Fouad Saleh (Alexander Siddig), un homme étrange qui semble amnésique.
Naviguant sans cesse en eaux troubles, ce road-movie magnétique signé par la réalisatrice française d’origine libanaise Danielle Arbid (Peur de rien ou prochainement Passion simple) est à voir gratuitement sur mk2 Curiosity jusqu’au 14 janvier.
Photographe français en quête de sensations extrêmes, Thomas Koré (Melvil Poupaud) pose ses valises en Jordanie, où il croise la route de Fouad Saleh (Alexander Siddig), un homme étrange qui semble amnésique. Tout en invitant celui-ci à découvrir les plaisirs de la nuit, Koré tente d’en savoir plus sur son passé…
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Inspirée par le parcours et l’univers du photographe français Antoine d’Agata, dont l’œuvre sensuelle et noctambule est née du hasard des rencontres faites à travers le monde, Danielle Arbid signe un film qui, sous des dehors froids et minimalistes, questionne intelligemment les rapports qu’entretiennent mémoire, identité et corps, à travers la rencontre de deux hommes aussi différents que ressemblants (l’un a le verbe facile et des penchants voyeuristes, l’autre, quasi mutique, se fond dans des lieux qu’il traverse comme un fantôme).
Ralentis teintés d’étrangeté, dialogues empêchés, scènes de sexe exposées crûment dans des décors impersonnels… Sous influence du cinéma cryptique et érotico-mortifère d’Antonioni (Blow Up, Profession : Reporter), Un homme perdu matérialise avec force le caractère morbide du désir, le pouvoir malsain des images qui poussent ses personnages nomades dans leurs sombres retranchements. Débarrassé de toute idéalisation, très dépouillé et incisif, le film prend des allures de conte philosophique. « Voyager dans notre monde, c’est voyager entre les morts », formule joliment une femme que Koré rencontre dans la dernière partie. Ce qui sied parfaitement à ce récit en forme de perpétuelle fuite en avant.