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Expo  – Artavazd Pelechian à l’honneur à la Fondation Cartier

  • Louis Blanchot
  • 2021-05-10

Après vingt-cinq années de silence, on découvre un nouveau film du grand Artavazd Pelechian.

C’était l’une des seules bonnes surprises de 2020 : découvrir, après vingt-cinq années de silence, un nouveau film du grand Artavazd Pelechian, grâce à une exposition qui lui est consacrée à la Fondation Cartier pour l’art contemporain jusqu’au 30 mai.

Aussi précieuse que dissimulée (il faudra attendre 2007 et la sortie d’« Artavazd Pelechian. Cinéaste et poète du réel » pour voir enfin une partie de sa filmographie exploitée en salles), l’œuvre de cet héritier de Lev Koulechov et de Sergueï Einsenstein s’appuie sur des images d’archives et documentaires pour composer de puissantes élégies à la gloire de mère nature. La Nature, c’est justement le titre et le sujet du projet commandé par la Fondation Cartier (en collaboration avec le ZKM Filminstitut) qui offre au cinéaste arménien de prolonger des expérimentations entamées avec des films comme Les Saisons – diffusé en miroir à l’occasion de l’exposition.

Difficile de résumer un film de Pelechian, qui met en scène de manière symphonique la lutte sans cesse rejouée entre le genre humain et son environnement. Délesté de tout impératif narratif, La Nature chorégraphie ainsi un hypnotique ballet de puissances telluriques et cosmiques en mouvement – essaims de nuages se réunissant au sommet des montagnes, cours d’eau qui convergent et débordent de leurs lits, cisaillement des vents formant progressivement les contours d’une tornade…

Une danse des éléments qui dessine le portrait d’une terre en forme de paradis menaçant, éternelle Arcadie aux accès de colère arbitraires et réprobateurs, qui vont chaque fois renvoyer l’homme à la fragilité de sa condition. Le panthéisme incantatoire des premières minutes glisse ainsi progressivement vers un registre cataclysmique, charriant dans un chaos rageur les images de dévastation (notamment empruntées aux vidéos amateurs des raz-de-marée ayant ravagés l’Asie du Sud-Est). La nature du titre y est donc admirée autant que crainte, déclinant en une frise d’apocalypse le spectacle d’une humanité en sursis, condamnée à cohabiter au quotidien avec la promesse de son extinction. 

: « Artavazd Pelechian. La Nature, Les Saisons », à la Fondation Cartier pour l’art contemporain

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