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« ADN » : thérapie familiale

  • Louis Blanchot
  • 2020-10-27

Cerné par la mort et l’amertume, ce drame familial signé Maïwenn est aussi un récit de renaissance intime dans lequel se télescopent les émotions les plus contradictoires. Il ressort en salles ce 19 mai.

Son ambitieux projet sur Madame du Barry attendant toujours (le tournage devrait démarrer en janvier), la réalisatrice a entrepris ADN avec l’envie de tourner vite une fiction assise sur un traumatisme personnel encore récent – le décès de son grand-père. Un film endeuillé donc, qui voit une famille se réunir autour d’un aïeul vénéré, emporté après plusieurs années d’Alzheimer. L’interrogation de départ est limpide : que faire du souvenir de ceux qui ont disparu ? Cette mémoire effacée par la maladie puis par la mort, chacun essaiera ainsi de l’invoquer de nouveau lors des funérailles du défunt, climax à la fois déchirant et hilarant qui mettra à nu le réseau souterrain de tensions reliant les membres de cette famille chaotique – campée par un casting première classe (Fanny Ardant en mère glacée, Marine Vacth en sœur distante, Dylan Robert en neveu à fleur de peau).

—>>> À LIRE AUSSI : « ADN » de Maïween et « L’Origine du monde » de Laurent Lafitte projetés en ouverture du FIFIB

Maïwenn y déploie comme de juste ce registre choral dans lequel elle excelle depuis ses débuts (revoir Polisse, où elle reconstituait le quotidien de la brigade de protection des mineurs de Paris). Sauf que, après avoir livré le récit au déballage et aux règlements de compte, cette agitation collective finira par s’étioler pour laisser le personnage principal (joué par la cinéaste elle-même) prendre la tangente et se lancer dans une quête de soi qui ouvrira au film un horizon plus apaisé. L’ADN du titre renvoie ainsi à ces tests qui font florès ces dernières années sur Internet en offrant la possibilité à qui le souhaite de découvrir avec plus ou moins d’exactitude les origines ethniques de son patrimoine génétique.

Mais il est toujours périlleux de fouiller dans le passé (et dans ses gènes). Pour l’accompagner dans cette investigation sur elle-même, Maïwenn s’adjoint donc les services d’un complice joué par Louis Garrel, toujours parfait en second rôle. À la fois trublion et ange gardien, il s’offre à chaque séquence comme un contrepoint délicieux à cette symphonie d’amertume et rappelle que la meilleure chose à avoir, quand on ne supporte plus sa famille, c’est un bon ami.

ADN de Maïwenn, Le Pacte (1 h 30), sortie le 19 mai

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3 questions à Maïwenn 

Malgré la pléthore de personnages et d’événements, le film ne dure que 90 minutes. C’était prévu ?

Non, on a beaucoup coupé. Quand j’écris un scénario, j’ai tendance à répéter les choses plusieurs fois, de peur de ne pas être comprise. En montage, je suis davantage attentive au rythme. Ici, la recherche du bon rythme impliquait de couper, de retrancher, de rapprocher les séquences les unes des autres.

Vous tenez à nouveau le rôle principal. Ce n’est pas trop compliqué de jouer tout en assumant la mise en scène ?

Pour moi, ça se complète. Jouer dans mes films est un mouvement de mise en scène qui donne de l’énergie aux autres comédiens. J’amène un ton – souvent excessif d’ailleurs – qui va les désinhiber. Ils n’ont plus peur d’y aller franchement, et c’est ça qui finira par créer des étincelles dans la séquence.

Diriez-vous qu’ADN est un film autobiographique ?

Non, je déteste ce mot, je le trouve réducteur. Je puise dans ma vie des situations et des émotions, mais c’est le désir de fiction qui m’anime.

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