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« Ce qui reste » : combustion lente
- Timé Zoppé
- 2021-08-09
À Hambourg, une étudiante en médecine tombe amoureuse d’un Libanais qui veut devenir dentiste. Il découvre vite qu’elle cache leur relation à sa mère. D’une trame classique à la « Roméo et Juliette », l’Allemande Anne Zohra Berrached tire un récit d’émancipation habile et nuancé, qui prend des détours inattendus.
Au départ, rien d’original dans cette romance naissante entre Saeed, jeune Allemande d’origine turque, et Aslid, Libanais arabe. Alors qu’on se laisse distraitement happer par leur charme et l’alchimie qui opère entre eux, un panneau « Première année » nous fait entendre que leur histoire va se déployer dans la durée.
C’est dans cette temporalité que se loge la force du récit : à une brûlante love story éclair, la cinéaste préfère une relation certes sous tension, mais à combustion lente. Décrivant, sur cinq ans, les instants de communion – le couple rêve un avenir où ils pourraient vivre n’importe où – aussi bien que ceux de friction – Saeed cache Aslid à sa mère, qui hait les Arabes –, Ce qui reste nous emporte lentement, sans emphase, vers des chemins sombres. Accrochés à Saeed, qui s’obstine à ne voir que la lumière dans la relation, on retient notre souffle, jusqu’à un final sidérant.
Ce qui reste d’Anne Zohra Berrached, Haut et Court (1 h 58), sortie le 11 août
Image : Copyright Christopher Aoun / Razor Film