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« L'Année du requin » des frères Boukherma : panique sur la côte

  • Damien Leblanc
  • 2022-07-20

Après leur film de loup-garou, Teddy, les jumeaux Boukherma jouent à nouveau avec les codes cinématographiques et le mélange des genres pour nous offrir un étonnant film de requin qui croise savamment esprits comique et tragique sur fond d’absurde tableau des dérèglements contemporains.

Est-il bien sérieux de s’attaquer en France au film de requin ? Le genre est tellement lié à un écrasant modèle américain (Les Dents de la mer, En eaux troubles…) que toute tentative de réinterprétation paraît risquée. Mais Ludovic et Zoran Boukherma, qui avaient signé avec Teddy une audacieuse variation sur les films de loup-garou, ont si peu froid aux yeux qu’ils s’approprient ici la mythique figure du requin en mêlant tonalité humoristique et gravité du récit. On suit ainsi les aventures de Maja (Marina Foïs), une gendarme qui doit, à contrecœur, prendre sa retraite anticipée. Son époux (Kad Merad) lui a déjà préparé un avenir rangé et formaté, mais l’arrivée soudaine d’un requin tueur dans la baie pousse Maja à reprendre du service.

Les frères Boukherma sortent les griffent

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Si le film démarre comme une comédie, entre les blagues potaches d’un collègue (incarné par Jean-Pascal Zadi) et les extraits d’une émission de radio locale pleine de commentaires politiques fantaisistes, l’absolu premier degré avec lequel Maja vit les évènements prépare à une deuxième partie autrement plus dramatique. Les attaques de requin sont en effet filmées de façon brutale, tandis que Maja, assaillie par des doutes existentiels, se voit notamment harcelée sur les réseaux sociaux et agressée physiquement…

C’est là que le projet des Boukherma prend son sens : la menace quasi invisible qui perturbe la vie intime des protagonistes n’est pas sans évoquer la pandémie de Covid et ses mesures de restrictions. Pratiquant l’hybridation des genres pour mieux représenter les oscillations d’une époque dans laquelle les angoisses de fin du monde côtoient des moments rocambolesques, les cinéastes s’appuient sur les dérèglements contemporains pour nourrir leur hommage à une histoire du cinéma dans laquelle ils s’inscrivent avec enthousiasme.

L’Année du requin de Ludovic et Zoran Boukherma, The Jokers/Les Bookmakers, sortie le 3 août

Image (c) The Jokers / Les Bookmakers

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