
C’est le retour du Roumain prodige. Après avoir fouillé la terre rossellinienne (Kontinental ’25), l’hyperactif Radu Jude se mesure au plus illustre saigneur de Transylvanie, Dracula, figure majeure de la littérature inspirée du prince Vlad l’Empaleur. Un mythe sucé jusqu’à la moelle par pléthore de cinéastes. Cette saison encore, Robert Eggers et Luc Besson s’y sont méchamment esquinté les canines.
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Au récit gothique sclérosé, Jude préfère une longue (trois heures !) digression foutraque sur le cinéma, lorgnant tantôt du côté de l’absurde à la Fluxus, tantôt du côté de l’érotisme paillard, sans omettre, cahier des charges oblige, le fantastique, ici agrémenté d’une larme de politique. Que nous promet donc ce Dracula arrivé en queue de comète ? Le pitch annonce la couleur : un cinéaste en manque d’inspiration demande à une IA d’accoucher d’un film de vampires.
Les requêtes (ou prompts, pour les initiés) frisent le ridicule, à l’instar d’une séquence inspirée du Vampyr de Carl Theodor Dreyer revu à la sauce Samuel Beckett. Chemin faisant, on croise aussi un acteur sexuellement épuisé, un curé aux grandes dents et des verges turgescentes. En ajoutant des images traditionnelles, tournées à l’iPhone, ou encore des collages, Radu Jude laisse entrevoir l’horizon possible d’un art revitalisé au nez et à la barbe des chantres du Cinéma pur.
Dracula de Radu Jude, sortie le 15 octobre, Météore Films (2 h 50)