5 compositrices de BO pour célébrer la Fête de la musique

Parce qu’il n’y a pas que Alexandre Desplat et Ennio Morricone dans la vie (même si on les adore), retour sur 5 musiciennes françaises qui ont imposé leurs partitions singulières et leur univers musical sur grand écran, histoire de démarrer cette Fête de la musique au féminin.


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REBEKA WARRIOR

On sait qu’elle forme avec Vitalic le duo électro Kompromat, que son groupe préféré, c’est The Cure, qu’elle adore Mylène Farmer, qu’elle a étudié aux Beaux-Arts avant de devenir une figure majeure de la scène queer française grâce à ses nappes de musique envoûtantes. Mais il faut aussi rappeler que Rebeka Warrior (Julia Lanoë de son vrai nom) est l’une des compositrices de musique de film les plus douées de sa génération.

Elle a signé les BO percutantes de À mon seul désir de Lucie BorleteauSplit, la série d’Iris Brey, et Langue étrangère de Claire Burger – trois films qui questionnent avec inventivité et liberté l’identité fluctuante, remettent en question les normes de genre, célèbrent l’amour sous toutes ses formes. Mais son plus grand fait d’arme, c’est Les Reines du drame, comédie musicale d’Alexis Langlois dont elle a co-composé les tubes pop, profonds et enragés, tout droit sortis d’une téléréalité des années 2000.

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Maud Geffray
© DeuxPlusQuatre

MAUD GEFFRAY

Elle est la première DJ à avoir remixé le thème officiel du Grand Bleu, signé Eric Serra. Et on la remercie pour l’audace et la modernité de cette reprise lancinante. Adepte des sonorités dark et suaves, et grande admiratrice des compos de Philip Glass (notamment celle de The Hours de Stephen Daldry) la moitié du groupe Scratch Massive travaille avec des cinéastes qu’on adore tels que Nicolas Peduzzi pour Southern Belle et Zoe Cassavetes pour Days out of Days. Dans son éclectique CV, elle a aussi un film d’horreur (Fuck’n Nuts), plusieurs documentaires (Menopauses de Julie Talon) et une flopée de courts-métrages. Sa musique, minimaliste et profonde, fait l’effet d’un trip dans lequel se serait rencontré le groupe Air et les synthés de John Carpenter. Vous savez quoi ? Elle nous avait confié lors d’une interview que ses parents l’on appelé Maud à cause de… Ma Nuit chez Maud d’Eric Rohmer, un film plein de grâce qui lui va si bien.

DELPHINE MALAUSSÉNA

Violoniste de formation, Delphine Malausséna commence à travailler comme ingénieure du son dans le cinéma après avoir étudié la physique quantique, des études qui influenceront son univers musical sombre et électrique. En imaginant la musique de 5ème Set de Quentin Reynaud en 2021, elle se distingue grâce à une composition éclectique, un ensemble mêlant les classiques violon et piano à des grésillements aux vibrations aussi dangereuses qu’envoûtantes. S’en suivent des projets comme Chien de la casse (2023) de Jean-Baptiste Durand, qui lui vaut une nomination au César, ou encore En plein feu (2023), sa deuxième collaboration avec Quentin Reynaud, pour lequel elle remporte le prestigieux prix Michel Legrand, juste avant de recevoir celui de la révélation de la compositrice au Festival des Arcs. Elle s’occupera prochainement de la musique de la série Merteuil de Jessica Palud (Maria), une adaptation du roman érotique Les Liaisons dangereuses avec Anamaria Vartolomei et Diane Kruger.

Audrey Ismael
© DR

AUDREY ISMAËL

Tout comme sa consœur, Audrey Ismaël est lauréate du prix de la révélation des Arcs. Une récompense obtenue l’année dernière, qui confirme la virtuosité de cette autodidacte à la jeune carrière impressionnante. Après avoir créé le groupe Smoking Smoking en 2011 avec son amie Vanessa Filho, elle cosigne la bande-son du film Gueule d’ange (2018) de Filho, aux côtés d’Olivier Coursier du groupe AaRON. Viennent alors les compositions de plusieurs bandes-son de séries, telles que Germinal (2021), puis c’est un retour au cinéma avec, entre autres, le deuxième film choc de Vanessa Filho, Le Consentement (2023), et le premier film d’Agathe Riedinger, le puissant Diamant brut (2024). Des partitions dans lesquelles elle fait résonner la puissance dramatique du violoncelle, couplée à des sonorités écrasées, tantôt inquiétantes, tantôt angéliques.

Léonie Pernet
© Mathieu Zazzo

LÉONIE PERNET

Elle était membre du jury de la Queer Palm cette année, juste avant la parution en juin de son délicieux troisième album, Poèmes pulvérisés. En plus d’une carrière de chanteuse en solo, Léonie Pernet compose pour le cinéma, avec notamment la bande-son de H24 (2021), série engagée d’Arte sur la violence ordinaire faite aux femmes, ou encore le récent Magma (2024) de Cyprien Vial. Des projets pour lesquels l’artiste déploie ses talents de conteuse musicale, entre mélancolie lumineuse et influences rock. Quand on lui demandait, en 2021, quel serait le film qui matcherait avec son album Crave, elle répondait : Les Enfants du paradis (1945) de Marcel Carné, pour la « petite comédie humaine », et Adam (2019) de Maryam Touzani, pour « l’histoire d’une renaissance ». Une ambivalence qui lui va bien, et qui fait toute la richesse de cette jeune artiste et compositrice à suivre.

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