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Une séance des « Yeux sans visage » de Georges Franju terrifie des lycéens

  • Léa André-Sarreau
  • 2019-12-02

Glaçant et poétique, ce film fantastique français sorti en 1960 n’a pas perdu sa force cauchemardesque.

À l’heure où la surenchère de jump scares en dit long sur le manque d’imagination des cinéastes pour nous faire peur – en témoignent Ça : Chapitre 2 ou La Malédiction de la Dame blanche, deux blockbusters démonstratifs -, un étrange fait-divers vient de nous rappeler à quel point fabriquer la peur nécessite une recette subtile. Ce vendredi 29 novembre 2019, au cinéma de Romorantin en Loir-et-Cher, quinze lycéens ont fait un malaise en pleine projection, avant que l’établissement ne soit évacué pour une suspicion d’intoxication au monoxyde de carbone. Tandis qu’une cinquantaine de pompiers et une vingtaine de policiers ont été réquisitionnés pour prendre en charge les victimes et trouver l’origine de ce malaise général, le médecin du SAMU a finalement conclu à une crise d’angoisse généralisée.

D’après le journal La Nouvelle République, c’est le film de Georges Franju, Les Yeux sans visage, projeté ce jour-là, qui en serait responsable : « Dans une salle à la température élevée, les syncopes ont débuté peu de temps après une scène choc et phare du film, où un chirurgien prélève un visage pour réparer sa fille défigurée dans un accident de la route. » Sorti en 1960, Les Yeux sans visage est une fable d’épouvante tragique et onirique, dans laquelle un savant fou tente de réparer le visage de sa fille en lui greffant la peau de victimes qu’il a kidnappées. Resté célèbre pour la froideur crue de ses scènes d’opérations, le masque frêle d’Edith Scob (qui inspira John Carpenter pour le déguisement de Michael Myers dans La Nuit des masques et Almodóvar pour La piel que habito) plongé dans un noir et blanc désespéré et effrayant, où l’horreur ne se montre pas mais se devine, ce film français invente une grammaire suggestive. Comme quoi, revenir à une certaine forme d’épure permettrait peut-être au cinéma d’horreur de se renouveler.

Image: Copyright Lux

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  • Georges Franju
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