« Soundtrack to a Coup d’État » de Johan Grimonprez : partition politique

Au gré d’un montage kaléidoscopique d’archives raccordées au rythme de morceaux de jazz, Johan Grimonprez retrace l’histoire de l’indépendance du Congo et des conspirations occidentales pour maintenir son emprise impérialiste.


soudtrack to a coup detat
"Soundtrack to a Coup d'État" de Johan Grimonprez" (c) Les Valseurs

Alors que l’indépendance du Congo est déclarée en juin 1960, le gouvernement belge et la CIA complotent pour assassiner le président Patrice Lumumba et préserver leurs intérêts en Afrique centrale, organisant à l’occasion des tournées de jazzmen en guise de diversion.

L’histoire est dense, paradoxale, souvent abracadabrantesque, et pourtant d’une limpidité absolue dans ce qu’elle dépeint des rapports entre l’Occident et les pays du Sud global : une volonté de domination perpétuelle, qu’elle exerce en pleine lumière ou dans l’ombre d’institutions opaques et de dossiers classifiés. À partir de cette matière difficile à synthétiser, le cinéaste belge Johan Grimonprez pousse les curseurs à fond en proposant un documentaire-fleuve (2 h 30) dont le montage, d’une vélocité remarquable, épouse les dynamiques complexes voire contradictoires qui sous-tendent les émancipations collectives, qu’elles aient lieu au Congo ou aux États-Unis à l’heure de la ségrégation raciale.

Textes d’historiens, articles scientifiques, documentaires d’époque, photographies, publicités et entretiens filmés s’entrecroisent ainsi pour produire les téle­scopages godardiens à même de revenir sur ce moment décisif de la guerre froide, où conversent à distance Nina Simone, Nikita Khrouchtchev, Andrée Blouin, Fidel Castro et Malcolm X.

Soundtrack to a Coup d’État de Johan Grimonprez, Les Valseurs (2 h 30), sortie le 1er octobre