« Queerpanorama » de Jun Li : métaportrait

Présenté à la Berlinale 2025, « Queerpanorama » s’inspire de la vie sexuelle de son réalisateur, le Hongkongais Jun Li, à travers l’histoire d’un jeune homme qui s’approprie la personnalité de ses amants.


Queerpanorama
© Dulac Distribution

Hongkong. Ville-monde, port parfumé. C’est dans ce territoire traversé de flux (migratoires, érotiques) qu’un cinéaste, Jun Li, filme l’errance d’un jeune homme (Jayden Cheung), un corps fait de tous les corps de ses amants passagers. Ils sont universitaire, livreur, scénographe, danseur… Viennent d’ici et d’ailleurs. Livrent chacun des fragments de leur vie tissée de névroses et de rêves inachevés. Le protagoniste les phagocyte, « dévorant » ces hommes rencontrés au hasard des algorithmes dans une ville en constante mutation comme lui.

Jun Li brosse moins la fresque panoramique de la jeune génération queer – promesse déceptive énoncée par le titre de son film – que le portrait pointilliste d’un personnage à l’identité mouvante. L’ambition esthétique de Queerpanorama trouve son expression dans une mise en scène à l’os: découpage réduit à sa plus simple expression, noir et blanc contrasté, dialogues sotto voce. Une forme minimaliste à l’aune des aspirations du héros: « Manger beaucoup, baiser, aller au cinéma. » Un insatiable appétit de « bouffe », de sexe, de mots et d’images contre un monde fou car déraisonnable à la (mauvaise) santé duquel trinquent ces affamés qu’on peut croiser chez Hong Sang-soo ou Éric Rohmer. Une nécessaire célébration de l’amour charnel comme réinvention de soi.

Queerpanorama de Jun Li, Dulac (1 h 27), en salles le 26 novembre