« Chacun des personnages me représente à différentes étapes de ma vie », indique-t-elle au téléphone à propos de l’aspect autobiographique de son film. À partir d’un souvenir d’enfance (son grand-père lui interdisait d’utiliser sa main gauche, signe du diable) et d’histoires de ses proches, elle élabore ce récit choral il y a plus de vingt ans avec son proche collaborateur, Sean Baker.
Née à Taipei, elle le rencontre à New York au début des années 2000 lors d’un cours de montage à la New School, où elle effectue un master en communication. « Left Handed-Girl est le premier projet qu’on a voulu développer ensemble, mais nous n’avions pas assez de budget », se souvient celle qui coréalisera ensuite avec le cinéaste, palmé en 2024 pour Anora, le documentaire Take Out (2004), avant de produire ses films Starlet (2012), Tangerine (2015), The Florida Project (2017) et Red Rocket (2021).
Amoureuse des récits remplis d’humanité (elle adore L’Homme-sandwich (1983), film sensible réalisé en partie par Hou Hsiao-hsien), elle tourne cette première réalisation en solo avec une petite équipe, au cœur des marchés nocturnes qui ont bercé son enfance. « Maintenant que j’ai fait ce film, je me sens enfin comme une vraie artiste », conclut-elle, émue. Récompensée du prix Fondation Gan pour le cinéma à la diffusion à la Semaine de la critique à Cannes, la réalisatrice qui vit désormais à New York ne compte pas s’arrêter là. « Pour le prochain, j’ai quelques idées, dans différents pays. Mais j’aimerais surtout continuer à raconter des histoires de femmes à Taïwan. »
