Nos Palmes d’or préférées par décennie

Récompense ultime prisée par les cinéastes du monde entier, la Palme d’or est décernée à chaque Festival de Cannes depuis 1955 – avant, on remettait le Grand prix du festival international du film. Ça a été dur de faire le tri mais – et c’est évidemment très subjectif – on a choisi une Palme par décennie.


Orfeu Negro de Marcel Camus
Orfeu Negro de Marcel Camus © Solaris Distribution

Années 1950 : Orfeu Negro (1959) de Marcel Camus

De sa campagne, Eurydice arrive à Rio la veille du carnaval, et fait la rencontre d’Orphée, un conducteur de tramway, par ailleurs brillant danseur et guitariste. Ce film rythmé par la bossa nova enchante par sa sensualité, ses couleurs vives et ardentes, son doux vacarme, et fait date dans le cinéma français en mettant en avant la communauté noire brésilienne.

Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy. © Photo : Leo Weisse / Ciné-Tamaris
Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy. © Photo : Leo Weisse / Ciné-Tamaris

Années 1960 : Les Parapluies de Cherbourg (1964) de Jacques Demy

L’histoire d’amour heurtée entre Geneviève, fille d’une marchande de parapluies sans le sou et Guy, un garagiste mobilisé pour la guerre d’Algérie. Frustré que le genre de la comédie musicale n’ait jamais pris en France, Demy a inventé son propre dérivé, le film « en-chanté ». Il y pose les marques de son monde de rendez-vous manqués, d’érotisme pluvieux et marin, de personnages chantant mais résignés. Peut-être l’un des films les plus beaux et tristes du monde.

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Années 1970 : Taxi Driver (1976) de Martin Scorsese

Chauffeur de taxi à New York, le vétéran de la guerre du Viet-Nâm Travis est confronté à une violence qui lui fait peu à peu perdre les pédales. Il rencontre une prostituée mineure qu’il tente de délivrer de ses proxénètes… Avec Robert de Niro en anti-héros et Paul Schrader au scénario, Martin Scorsese livre le portrait de deux solitudes, et l’un des films les plus emblématiques et sans compromis du Nouvel Hollywood.

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Paris Texas 2024 PTX01cWWS
Paris, Texas de Wim Wenders © Tamasa Distribution

Années 1980 : Paris Texas (1984) de Wim Wenders

Dans l’immensité du désert texan, un homme disparu depuis quatre ans, erre sans but. Quand il apprend que la mère du fils qu’il a abandonné vit au Texas, il part la retrouver. Une œuvre sensible du cinéaste allemand, dans laquelle il est question de la puissance destructrice de la fin d’un amour, et de la difficulté des individus à communiquer.

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Le Goût de la cerise d'Abbas Kiarostami
Le Goût de la cerise d’Abbas Kiarostami © mk2 Films

Années 1990 : Le Goût de la Cerise (1997) d’Abbas Kiarostami

Dans ce road-movie contemplatif, un homme part à la recherche d’un volontaire pour l’enterrer après son suicide. Il rencontre une galerie de personnages marginaux, qui incarnent la société iranienne … Leitmotiv chez Kiarostami, la voiture et ses allers-retours incarnent autant les hésitations du héros qu’un éloge de la bifurcation cher au cinéaste.

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Elephant de Gus Van Sant
Elephant de Gus Van Sant © MK2 Diffusion

Années 2000 : Elephant de Gus Van Sant (2003)

Sour forme de boucles temporelles, une journée en apparence ordinaire dans un lycée américain. Le film d’une grande beauté plastique et sensorielle se termine par un massacre dans les couloirs de l’établissement : un écho à la terrible tuerie de Columbine, commise en 1999 par deux lycéens. Pour nous, tout simplement un des plus grands films parlant d’adolescence.

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Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures d’Apichatpong Weerasethakul
Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures d’Apichatpong Weerasethakul

Années 2010 : Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures (2010) d’Apichatpong Weerasethakul

Au seuil de la mort, Oncle Boonmee est visité par les fantômes de ses proches et se rappelle les autres vies qu’il a vécues. D’une beauté hypnotique, ce film est pareil aux fantômes dont il est peuplé : étrange et limpide à la fois. Un pays de cinéma sublime, peuplé de spectres amicaux, de princesses et de poissons-chats.

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Anatomie d'une chute de Justine Triet
Anatomie d’une chute de Justine Triet

Années 2020 : Anatomie d’une chute (2023) de Justine Triet

Un homme chute de son chalet – s’est-il suicidé ou sa compagne écrivaine l’a-t-elle tué ? À la fois tragédie familiale, film de procès, dissection post-mortem d’un couple et portrait d’une héroïne en quête d’intégrité, ce film sidérant multiplie les pistes pour offrir un palpitant traité d’ambiguïté contemporaine.

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