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FOCUS: Trois autoportraits de magiciens cinéastes

  • Charles Bosson
  • 2019-10-03

Dans Psychomagie. Un art pour guérir, Alejandro Jodorowsky présente la thérapie dont il est l’inventeur et soigne ses patients à travers des actes qu’il leur confie : performances joyeuses, décalées et réparatrices. Retour sur trois autoportraits de magiciens cinéastes.

Le  cinéma de Jodorowsky a introduit ses spectateurs à la magie comme un art vivant et visuel, fondé sur la présence de forces immanentes et surnaturelles : elle brille dans le regard du cow-boy halluciné d’El topo (1970), elle guide les hommes en quête d’immortalité vers La Montagne sacrée (1973). En 2019, dans Psychomagie, un art pour guérir, la voilà transformée en un jeu thérapeutique, un dialogue entre l’inconscient et le geste créateur initié par le cinéaste guérisseur. Ainsi, collé au corps d’un bègue, il le recouvre de peinture et le libère de son cri.

Pape du cinéma underground des seventies, admiré par Martin Scorsese, David Lynch, Jimmy Page et les Rolling Stones, le Californien Kenneth Anger a étudié la magie rituelle dans les œuvres d’Éliphas Lévi et d’Aleister Crowley. Dans Lucifer Rising (1972) il pratique un cinéma «magick» (selon la formule de Crowley) ayant lui-même le pouvoir d’invoquer Lucifer, ange de lumière et de rédemption. Abandonné sur un t représentant le Tau grec, symbole de renaissance, le cinéaste mage mène la danse et, derrière lui, Kâlî, la déesse hindoue aux multiples bras, convoque les puissances démoniaques.

Redonner ses lettres de noblesse à la prestidigitation, la branche la plus méprisée mais aussi la plus populaire de la magie, c’est le programme que semble s’être fixé Orson Welles dans Vérités et mensonges (1973), essai cinématographique dans lequel il dresse son autoportrait en magicien des rues. Dès l’ouverture, il fait disparaître une pièce de monnaie, croise notre regard et avoue n’être qu’un charlatan. Le cinéma, bordé par l’hypnose et le sommeil, apparaît alors dans son essence comme un spectacle magique.

Psychomagie. Un art pour guérir d’Alejandro Jodorowsky, Nour Films (1h40), sortie le 2 octobre
Images: Copyright Nour Films

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