En couv’ de TROISCOULEURS : Wagner Moura, le caméléon

Véritable star au Brésil, le remarquable Wagner Moura, connu à l’international pour avoir incarné Pablo Escobar dans la série « Narcos », est la tête d’affiche du long-métrage virtuose « L’Agent secret » de son compatriote Kleber Mendonça Filho. Le comédien, récompensé du prix d’interprétation à Cannes pour ce film (en salles le 17 décembre), fait la couv’ de notre nouveau numéro et revient pour nous sur son parcours.


Wagner Moura
© TROISCOULEURS

ÉDITO · On connaît son visage et son air de gentil. Pourtant, quand Wagner Moura apparaît à l’écran, difficile de dire tout de suite, avec certitude, où on l’a vu. Peut-être parce que, pour le rôle qui l’a fait exploser sur la scène mondiale, celui du narcotrafiquant Pablo Escobar dans la série Narcos, le Brésilien avait pris 18 kilos et jouait un personnage sombre, dans lequel ses traits naturellement aimables étaient renfrognés.

Au fil de sa carrière, l’acteur de 49 ans a beaucoup mué : capitaine de police déterminé (dans le thriller Tropa de elite, Ours d’or à Berlin en 2008, et sa suite en 2010, réalisés par José Padilha), passeur louche entre le monde des pauvres et celui des riches (dans le thriller de SF Elysium de Neill Blomkamp, 2013), sauveteur qui tombe amoureux d’un touriste et s’exile en Allemagne (dans Praia do futuro de Karim Aïnouz, 2014), homme d’affaires fourbe (dans la telenovela brésilienne Paraíso tropical), reporter de guerre badin (dans Civil War d’Alex Garland, 2024)… Wagner Moura n’est jamais là où on l’attend. Il navigue avec une aisance remarquable entre premiers et seconds rôles, voire caméos, livrant toujours des performances aussi solides que subtiles.

Si son travail est unanimement salué depuis longtemps, il n’a pas encore accédé au statut de mégastar – hormis dans son pays, grâce à la telenovela mentionnée –, contrairement à un Pedro Pascal, avec qui il partageait pourtant l’affiche de Narcos. On a l’intuition que son rôle dans L’Agent secret de Kleber Mendonça Filho devrait lui offrir la pleine lumière : il lui a permis de remporter le Prix d’interprétation masculine au dernier Festival de Cannes, lui a valu la première nomination de l’histoire pour un acteur brésilien aux Golden Globes et il est bien parti pour entrer dans la course aux Oscars 2026. Rien de plus mérité : dans le film (qui a aussi remporté le Prix de la mise en scène à Cannes) de son compatriote, Wagner Moura n’a jamais été aussi bon. Il campe, dans le Brésil sous dictature de 1977, un agent trouble en fuite qui vient récupérer son fils dans la ville de Recife.

Wagner Moura
© 2025 CinemaScópio – MK Production – One Two Films – Lemming

Un rôle d’une grande sensibilité et d’une finesse politique rare, qui permet à l’acteur d’exprimer sa révolte contre les systèmes autoritaires d’hier et d’aujourd’hui, comme il nous l’a expliqué en interview. « Dans L’Agent secret, j’ai aimé en faire un protagoniste assez silencieux, à la présence forte. Il compose un héros magnétique qui n’a pas besoin de porter une arme », s’est confié, toujours dans nos pages, Kleber Mendonça Filho à propos de lui. On ne devrait plus jamais avoir le moindre doute sur son identité en voyant apparaître le visage de Wagner Moura. · TIMÉ ZOPPÉ

AU SOMMAIRE DU N°221

EN BREF 🏃‍♀️

  • L’entretien du mois : Sigourney Weaver
  • Nouvelle star : Brieuc Schieb
  • Queer Gaze : Nick Deocampo
  • Règle de 3 : Valeria Bruni Tedeschi

CINÉMA 🎥

CULTURE 🎨

  • Portfolio : Dessins sans limite au Grand Palais x Centre Pompidou
  • Musique : P.R2B
  • Série : L’Art de la joie de Valeria Golino

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