« Else » de Thibault Emin : un film de fin du monde fou et vivifiant

Ce premier long du Français Thibault Emin apporte sa touche très particulière à la cartographie du cinéma de genre, en fusionnant plusieurs tons et régimes d’images avec une inventivité vivifiante. Une fusion qui se trouve précisément au cœur du film.


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"Else" de Thibault Emin (c) UFO Distribution

Nerd craquant, Anx (Matthieu Sampeur) rencontre une pétulante infirmière, Cass (géniale Édith Proust), quand une épidémie éclate : partout, des gens fusionnent avec des matières. Des personnes se métamorphosent, se fondent dans le bitume, se transforment en homme-pierre, sont aspirées par leurs draps…

Le couple naissant vit alors une claustration obligée. Ça vous rappelle des souvenirs ? Pourtant, Thibault Emin a coécrit avec Alice Butaud cette histoire d’enfermement avant que le virus du Covid n’immobilise la planète. Il a mis dix-sept ans à réaliser Else, qui porte toutes ses obsessions : le film mélange habilement comédie romantique trash, fantastique et politique. Et propose une inspection à la loupe, drôle et inventive, du couple et du monde quand celui-ci vire à la catastrophe. La fusion contamine aussi les images : la chromie passe ainsi d’un arc-en-ciel de couleurs à un noir et blanc stylisé, l’esthétique des réseaux sociaux se mêle aux codes du cinéma expérimental…

Alors que les spectres de David Cronenberg et de John Carpenter se profilent, une voisine dit à son chien au détour d’une scène : « Les maîtres sont faits pour être quittés. » Ce qui est une bonne métaphore du cinéma d’Emin, à la fois sous influence et totalement libre. Au point de nous faire se sentir chez soi dans une ambiance de fin du monde.

Else de Thibault Emin, sortie le 28 mai, UFO (1 h 40)