
Alors que le cinéma fête ses 130 ans cette année, un réalisateur français chevronné ausculte le monde tel qu’il va (mal) à travers le prisme d’un dispositif filmique primitif (le travelogue).
Entamé à bord du Transsibérien, le Voyage au bord de la guerre d’Antonin Peretjatko se poursuit en voiture, puis à pied, au gré des rencontres et autres aléas. Le cinéste résume sa note d’intention en voix off, caméra 16 mm au poing : « J’espère ainsi déjouer le formalisme et la façon de penser que nous impose le numérique. » Profession de foi confirmée dans ce bouillonnant documentaire tourné la fleur au fusil.
Antonin Peretjatko aborde par la périphérie une guerre invisible mais omniprésente dont nous ne verrons que les cicatrices (comme des immeubles éventrés) et n’entendrons que les récits, pour la plupart identiques. Le projet initial, retrouver le village où son grand-père vécut jadis, s’érode par frottement avec le réel dont le réalisateur expose l’absurdité d’un ton délicieusement narquois : tondre le gazon en pleine pénurie d’essence, transformer un bassin de piscine en camp d’entraînement…
« La recherche de ses racines est un piège où l’on risque de s’enfermer en cherchant quelque chose qui n’existe plus. » Pourtant, cette quête continue de nous hanter, invariablement.
Voyage au bord de la guerre d’Antonin Peretjatko, 1h02, Léopard Films, en salles le 18 juin