
Après les documentaires Dormir, dormir dans les pierres (2013) et Sans frapper (2022), Alexe Poukine s’intéresse ici au système hospitalier à travers l’angle original d’ateliers de simulation au sein desquels le personnel soignant s’entraîne à perfectionner son empathie face à des comédiens jouant les rôles de patients.
Ayant observé ce type de simulations en Belgique, en France ou en Suisse, la cinéaste montre dans un premier temps combien l’écoute et la bienveillance sont des qualités qui s’acquièrent progressivement à travers une diversité de situations épineuses qui demandent aux soignants des approches psychologiques adaptées. Mais ce documentaire devient soudain vertigineux quand le jeu théâtral déclenche des discussions où le personnel soignant exprime des souffrances bien réelles quant à ses conditions de travail. La difficulté à mettre en pratique l’humanisme enseigné dans les ateliers pousse ainsi la cinéaste à s’interroger sur les manquements d’une institution au management brutal.
Par un brillant montage et une élégante énergie du désespoir, cette œuvre foncièrement politique atteint une vraie puissance dramatique. On ne s’étonne pas que le film suivant de Poukine, Kika (présenté à la Semaine de la critique de Cannes 2025), soit cette fois une fiction qui confirme tout son caractère frondeur.