« Perla » d’Alexandra Makarová : artiste hantée

Présenté au Festival international du film de Rotterdam 2025, « Perla » d’Alexandra Makarová se veut une proposition de cinéma singulière, comme une manière de conjurer le passé trouble qui le hante.


Perla
© Maverick Distribution

Hasard du calendrier, Perla débarque en France à quelques heures du sacro-saint chassé-croisé entre Juilletistes et Aoutiens. Un pont entre deux rives que le personnage éponyme (incarné par l’irradiante Rebeka Poláková) franchit au crépuscule du Printemps de Prague, pulvérisé par les troupes soviétiques, en 1968.

Un saut de puce nous mène sur les berges tranquilles de l’Autriche où Perla, peintre fauchée et mère fantasque d’une fillette qui pianote indifféremment du Bronski Beat comme du Chopin sur son clavier, s’accointe avec la bohème viennoise du début des années 1980. Alors qu’elle s’apprête à exposer ses toiles à New York, une voix surgie du passé la prend à la gorge…

Ce qui saisit d’emblée dans Perla, c’est la manière dont Alexandra Makarová enserre le corps de son actrice dans un enchâssement de surcadrages (miroirs, portes) sans néanmoins l’étouffer. Les plans « respirent » par le haut, trou d’air hanté par une présence spectrale.

Avec sa palette chromatique oscillant entre l’écarlate et le grège, ses décors qui baignent dans leur jus vintage et sa bande originale sonoriste, le film glisse peu à peu vers le registre de l’angoisse sur le modèle du Shining de Stanley Kubrick. Makarová signe peut-être l’œuvre la plus obsédante de l’année.

Perla d’Alexandra Makarová (Maverick Distribution, 1h48), sortie le 30 juillet