« Mamie-sitting » de Darren Thornton : des mamies à charge

L’Irlandais Darren Thornton signe la comédie queer de l’année, aussi drôle que touchante, sur la charge mentale et émotionnelle d’un écrivain qui touche enfin le succès du doigt, mais se retrouve coincé chez lui pour garder quatre vieilles dames bien barrées – dont sa mère.


Mamie-Sitting
© mk2 Cinémas

On a toutes et tous nos mommy issues. Mais rien de comparable à ce que vit Edward (le génial acteur écossais James McArdle, vu dans la série Sexy Beast) dans Mamie-sitting, deuxième long métrage de l’Irlandais Darren Thornton (A Date for Mad Mary).

Alors qu’il prépare une tournée décisive de dédicaces aux États-Unis pour son nouveau roman, l’écrivain s’occupe aussi à domicile de sa mère, Alma (Fionnula Flanagan), affaiblie et privée de l’usage de la parole à cause d’un AVC. Le cinéaste saisit avec brio toute la charge tragicomique de cette cohabitation en banlieue pavillonnaire, entre agacements mutuels, promiscuité gênante et problèmes de communication – pour s’exprimer, Alma utilise une tablette qui retranscrit oralement ce qu’elle tape, y compris ses saillies venimeuses et grumpy – avec une voix robotique et obséquieuse à la Siri.

Pour ne rien arranger, les meilleurs amis d’Edward lui déposent sans crier gare leurs mères respectives, elles aussi âgées et en situation de dépendance. Voici donc notre héros lesté de quatre mamies revêches. Mais le film ne tombe jamais dans la caricature – les vieilles dames sont loin d’être des mamies gâteau séniles, et à mesure que l’on avance, on découvre leurs histoires, complexes, leurs deuils, leurs frustrations, leur rapport au vieillissement ou à la maladie, mais aussi – très important – leurs désirs pour l’avenir.

Pour composer ce regard sur le troisième âge, Thornton revendique l’influence du photographe britannique Martin Parr et de sa série Signs of the Times (1992) : on retrouve dans le film le même dosage entre regard documentaire, satire acide, et surtout immense tendresse pour ses sujets. L’originalité du film est aussi contenue dans sa manière de s’interroger sur le vieillir-gay dans une société parfois homophobe et jeuniste, et sur la façon dont les générations plus anciennes, pas toujours très au fait des problématiques queer, tentent, quelque fois avec maladresse, de raccrocher le train en marche.

Mamie-sitting de Darren Thornton, mk2 Cinémas (1 h 22), sortie le 2 juillet