« La Pampa » d’Antoine Chevrollier : masculin singulier

[CRITIQUE] Le premier film d’Antoine Chevrollier est bien plus qu’un énième coming-of-age baigné de lumières chaudes. Il brosse le portrait touchant de deux amis d’enfance face à la masculinité toxique et au déterminisme social.


La Pampa
© Tandem

Jusqu’ici réalisateur de séries et scénariste, Antoine Chevrollier (Le Bureau des légendes, Baron noir, Oussekine) passe brillamment la seconde avec La Pampa. Aidé de Bérénice Bocquillon et Faïza Guène à l’écriture, il pose le décor de ce premier film solaire dans son village natal de Longué-Jumelles, en Anjou.

C’est le début de l’été, les nuques suintent, la poussière défie la gravité sous le vrombissement des motos sur le terrain d’entraînement de supercross. La caméra s’y balade, filme au plus près ce milieu testostéroné et fondamentalement cinégénique – on pense aux récents Rodeo de Lola Quivoron et Leurs enfants après eux des frères Boukherma, ce dernier partageant avec La Pampa l’une de ses têtes d’affiche, le remarquable Sayyid El Alami.

L’amitié de son personnage, Willy, avec Jojo (magnétique Amaury Foucher) est indélébile, comme ce tatouage qu’ils ont fait à l’identique sur le bras. Copains pour la vie, même lorsque Willy découvre le secret longtemps gardé de Jojo.

Antoine Chevrollier alterne leur point de vue pour montrer comment l’un et l’autre sont confrontés aux excès d’une masculinité névrosée qui s’incarne dans les figures d’adultes (Artus et Damien Bonnard), jusqu’à faire voler en éclat leur jeunesse. Mais, même sur le terrain de cross, les trajectoires sociales ont encore l’espoir de dévier pour trouver la liberté.

La Pampa d’Antoine Cherollier ( Tandem, 1h43),  sortie le 5 février