
Si le réalisateur Danny Boyle (Trainspotting, Slumdog Millionaire) et le scénariste Alex Garland (aussi réalisateur du récent Civil War) avaient brillamment réinventé en 2002 le cinéma d’horreur apocalyptique britannique avec 28 jours plus tard, ils s’étaient contentés d’être producteurs délégués de sa suite 28 semaines plus tard (réalisée en 2007 par Juan Carlos Fresnadillo). Mais le duo originel se retrouve bel et bien aux commandes de ce troisième film qui permet à la saga d’élargir sa réflexion sur les limites de la violence et d’aborder métaphoriquement différentes crises planétaires contemporaines.
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Le récit se situe ainsi près de trente ans après le premier volet et l’apparition du Virus de la Fureur. Alors que le reste du monde se voit préservé de l’épidémie, la Grande-Bretagne demeure l’unique territoire encore en proie à la contamination. Au sein de cet environnement chaotique, une communauté de rescapés non infectés vit réfugiée sur une petite île. C’est là qu’habite une famille sur laquelle va se centrer le film : Jamie (Aaron Taylor-Johnson) est un mari en apparence protecteur envers sa souffrante épouse Isla (Jodie Comer), tandis que leur fils préadolescent Spike (Alfie Williams) se prépare à un dangereux rite de passage en quittant pour la première fois l’île afin d’être entraîné par son père à tuer sa première créature infectée.
À partir de cette trame, qui pourrait évoquer Le Village de M. Night Shyamalan et que Danny Boyle compare à la situation de la Grande-Bretagne post-Brexit, le cinéaste signe une œuvre brutale, gore et sans concessions, où l’apprentissage en direct des codes de survie par un jeune garçon va aller de pair avec son désir d’émancipation et sa défiance progressive vis-à-vis du modèle paternel. Situé dans une nature à la végétation rudimentaire et centré sur un groupe réduit de personnages, le film convoque différentes ambiances visuelles (entre époque néandertalienne, arcs et flèches évoquant une figure mythique comme Robin des Bois ou soldats à l’équipement militaire ultra-moderne digne du 21ème siècle) et s’appuie sur tout un ensemble de drones et autres capteurs high-tech pour nous immerger dans une atmosphère à la noirceur saisissante.
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En décrivant comment une humanité entourée par la mort et la destruction s’y prend pour s’habituer à la dévastation et pour intégrer le deuil à son quotidien, 28 ans plus tard surprend notamment à travers le personnage d’un médecin (joué par Ralph Fiennes) qui s’appuie sur des méthodes thérapeutiques alternatives qui font de lui une sorte d’artiste, de mage voire de figure religieuse. Le préadolescent Spike, qui symbolise l’innocence dans ce monde de brutes, va découvrir au contact de cette figure de soignant que la bienveillance reste possible même face aux circonstances les plus tragiques et désenchantées.
C’est dans ce contexte aux échos particulièrement actuels que Danny Boyle s’autorise un épilogue qui change de tonalité et s’ouvre à une énergie nouvelle en réinjectant au récit un esprit très pop et britannique. Les pirouettes finales projettent ainsi le film vers sa suite, 28 Years Later : The Bone Temple, déjà tournée et mise en scène par la réalisatrice Nia DaCosta pour une sortie prévue début 2026. Car l’espoir et l’optimisme du jeune Spike sont aussi ceux des créateurs de cette saga horrifique, qui espèrent bien offrir ici la matière cinématographique nécessaire pour que le public ait envie de poursuivre l’aventure et de continuer à trembler face à cette trépidante galerie d’infectés et de survivants.
28 ans plus tard de Danny Boyle, Sony Pictures (1 h 55), sortie le 18 juin