
ÉDITO · Elle est toujours là. Toujours blonde, mais maintenant sans maquillage ; toujours intelligente, mais avec aujourd’hui plus d’espace pour le démontrer. Comme on le voit sur la photo que l’on a prise d’elle aux Folies Bergère pour notre couverture, il y a des échos de Marilyn Monroe dans l’imagerie et le parcours de Pamela Anderson. Elles partagent, entre autres, leur photogénie et le fait d’avoir été érigées en sex-symbol dès le début de leur carrière.
L’actrice et mannequin américano-canadienne, découverte dans la série Alerte à Malibu, a longtemps été réduite à sa plastique et à sa vie privée jugée sulfureuse. Tout en n’ayant de cesse, en réalité, de s’engager : elle milite activement depuis le début de sa carrière pour la défense animale, a soutenu le mouvement des « gilets jaunes » et livré des analyses politiques sur le réseau social X.
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Une profondeur et une complexité difficiles à détecter dans sa filmographie jusqu’ici, même si on avait bien saisi l’ironie et le recul féministe de plusieurs de ses rôles, comme dans le jouissif nanar Barb Wire (1996) dans lequel elle campait une milicienne et patronne de night-club qui usait de son sex-appeal pour tuer les méchants et ramasser l’argent, ou même l’intro de Scary Movie 3 (2003) où elle parodiait son image de bimbo.

Il lui aura fallu vieillir et raconter sa vie, de son point de vue, dans un documentaire éclairant et émouvant produit par un de ses fils en 2023 (Pamela. Une histoire d’amour de Ryan White) pour se réincar- ner. Et revenir aujourd’hui en grâce au cinéma, à 57 printemps, dans The Last Showgirl de Gia Coppola, où elle incarne une performeuse de Las Vegas qui doit ranger les paillettes après avoir passé trente ans à danser tous les soirs dans le même spectacle.
Malgré son titre, le film lorgne bien plus du côté de Meurtre d’un bookmaker chinois de John Cassavetes (1976) que du Showgirls de Paul Verhoeven (1996) en ce qu’il ne regarde pas le faste en toc et l’outrance des shows de strip-tease en les exagérant pour en révéler le malaise, mais de biais, par les coulisses, pour sonder le tréfond des âmes de celles qui font tourner la machine.

Au cynisme et à l’esprit revanchard qui menacent de la saisir parce qu’elle est jugée trop vieille par l’industrie, l’héroïne préfère garder sa ligne : l’honnêteté et la gentillesse. Un credo auquel Pamela Anderson semble adhérer, comme elle nous l’a fait comprendre en interview en nous parlant spontanément de ce qui est donc bien l’une de ses idoles :
« Marilyn Monroe était un génie dans l’art de se mettre en scène. Elle souffrait, mais elle était aussi incroyablement puissante. C’est pour ça que je dis toujours que la gentillesse est essentielle. On mène tous des combats invisibles […] On devrait être un peu plus so- lidaires. »
Des valeurs qui – on en a la certitude – ont permis à Pamela Anderson de traverser les périodes les plus dures pour mieux se réinventer. · TIMÉ ZOPPÉ
AU SOMMAIRE DU N°214
EN BREF 🏃♀️
- Nouvelle star : Saulè Bliuvaitè
- Queer Gaze : Bambi
- Règle de 3 : Sophie-Marie Larrouy
- La Consultation : Rose Lamy
CINÉMA 🎥
- En couverture : Pamela Anderson pour The Last Showgirl de Gia Coppola
- Portrait : Shiori Ito pour Black Box Diaries
- Entretien : Thierry Frémaux pour Lumière, l’aventure continue
- Histoire du cinéma : l’application cinéphile Letterboxd
CULTURE 🎨
- Expo : Mark Leckey
- Série : Douglas Is Cancelled
- Musique : Laura Cahen
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