
Aucun défi n’est trop grand pour l’élégante Tilda Swinton. A peine remis de son troublant double jeu dans Eternal Daughter de Joanna Hogg – elle y joue à la fois une mère et sa fille, dans un dispositif spectral et gothique -, on aura bientôt le plaisir de la voir dans le premier film de fiction de Joshua Oppenheimer, auteur de plusieurs documentaires engagés, dont The Act of Killing et The Look of Silence, sur la répression du Parti communiste indonésien en 1965.
Dans une interview donnée à W Magazine, Tilda Swinton a révélé les contours de ce projet intitulé The End : il s’agira d’une « comédie musicale à la façon de celles de l’Âge d’or, qui suivra la dernière famille humaine ». L’actrice y jouera « la mère de la famille la plus riche de la planète. Le père est à l’avant-poste de l’ingénierie qui a détruit toute la biosphère et depuis vingt ans ils vivent tous les deux sous terre, au beau milieu des États-Unis, dans un bunker qui ressemble à Versailles. »

La BA d’Eternal Daughter de Joanna Hogg
Dans des propos rapportés par Cineuropa, le cinéaste déploie le sous-texte politique de son projet : « J’avais envie de faire un film sur la richesse produite dans la violence de masse. En faisant des recherches sur des familles très riches, je me suis aperçu que l’un d’elles possédait un bunker, en provision de l’apocalypse, qui ressemblait à un palais. » Une histoire de survival sur fond de catastrophe écologique, un message anticapitaliste, avec Tilda Swinton en grande prêtresse de la fin du monde ? C’est un grand oui, surtout que le réalisateur a expliqué s’être inspiré d’Oh les beaux jours, pièce tragicomique de Samuel Beckett, et Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy ! Rien de telle qu’une petite chansonnette pour vivre sereinement la fin de l’humanité.