« Sur l’Adamant » de Nicolas Philibert, une embardée humaniste

Le réalisateur d’Être et avoir inaugure un triptyque documentaire sur la folie avec ce doux portrait de groupe, qui a décroché l’Ours d’or à la Berlinale en février. Il a embarqué sa caméra sur l’Adamant, une péniche amarrée quai de la Rapée, à Paris, qui accueille un centre de jour psychiatrique hors du commun.


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Chaque matin, les volets de sa partie en silo se relèvent doucement pour laisser entrer la lumière. L’Adamant, bateau unique en son genre, est prêt à accueillir soignants, référents et surtout patients autour d’un café, d’une cigarette ou d’une activité thérapeutique – souvent artistique. Ce qui frappe d’abord, c’est la chaleur du lieu : boiseries, éclairage naturel dû aux nombreuses fenêtres, coursive qui donne sur la Seine. À dix mille lieues de l’ambiance d’hôpital, avec sa froideur et ses néons angoissants, l’Adamant fait figure de havre de paix, lors des réunions qui voient patients et référents discuter des activités, chacun accoudé à sa table.

Nicolas Philibert : « Filmer des gens en situation de faiblesse absolue, ce n’est pas mon style. »

Le centre de jour accueille depuis 2010 des patients adultes des quatre premiers arrondissements de Paris. Nicolas Philibert en croque une poignée, aussi lucide qu’attachante. Le Nancéien s’inscrit ainsi dans le sillage des grands documentaristes ayant filmé la folie : Frederick Wiseman dans Titicut Follies (1967), et Sophie Ristelhueber dans San Clemente (1982), Wang Bing dans À la folie (2015). On prend déjà nos tickets d’embarquement pour les deux prochains volets.

Sur l’Adamant de Nicolas Philibert, Les Films du Losange (1 h 49), sortie le 22 mars

Image (c) Les Films du Losange