
Ils sont trois en lice : Patrick est persuadé qu’il est le favori ; Jean-Paul connaît tout le monde ; tandis que Mathieu, le plus jeune, travaille sur un programme sans faille. Dans un long plan fixe, ils viennent fixer leur affiche respective sur un tableau en liège. Le premier avec de la colle, le deuxième avec des clous, le troisième avec du scotch. Les candidats s’observent, échangent deux ou trois mots acerbes, pour voir qui prendra le dessus. Et le collage des affiches devient un véritable combat de coqs.
Ce sont ces instants, durant lesquels les personnalités se dessinent, que Sylvain Desclous capture très bien. Pour y parvenir, il met en place une esthétique nette et géométrique. Chaque plan est précisément composé et, à l’intérieur, ses personnages un peu maladroits semblent comme révélés. Ce ne sont ni des professionnels du jeu ni de la politique, et ils s’accommodent mal de cet univers très balisé. Ainsi, quand Mathieu part en mission tractage, isolé dans un plan large qui n’en manque pas une miette, il hésite à frapper aux portes, bafouille, se trompe. Le film montre qu’aucun d’entre eux n’arrive à se transformer en personnalité politique. C’est sûrement ce qui les rend si touchants : être fatalement eux-mêmes.
La Campagne de France de Sylvain Desclous, The Jokers (1 h 38), sortie le 23 février
Image (c) The Jokers