« Pour la France » de Rachid Hami : au nom du frère

Révélé par Abdellatif Kechiche dans « L’Esquive » (2004), Rachid Hami signe un deuxième film en tant que cinéaste. Écrit avec les tripes, Pour la France raconte l’exil de sa famille algérienne et surtout le destin tragique de son propre frère, mort en 2012 à l’école militaire de Saint-Cyr.


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Il aurait pu mourir pour la France. Mais il est mort pour rien, ou si peu ; pour un cruel bizutage entre camarades de la prestigieuse école spéciale militaire de Saint-Cyr, où il se rêvait en lieutenant. C’est ainsi que débute le film : dans la douleur d’une famille, recueillie face à la dépouille du jeune Aïssa (Shaïn Boumedine, autre perle kechichienne).

Patiemment, Rachid Hami déroule alors le fil d’une histoire dans laquelle se télescopent déchirures nationale et familiale ; l’exil vers la France, l’abandon du père, la fratrie distendue. Qu’on ne s’y méprenne pas : sous ses grands airs de fresque patriotique, Pour la France cache un trésor autrement plus précieux. Celui d’une rivalité sourde entre Aïssa, l’enfant chéri qu’on pleure, et son frère Ismaël (Karim Leklou), le mal-aimé à qui rien n’a réussi. Le cinéaste s’y penche à l’occasion d’allers-retours à Taïwan, lors d’une visite d’Ismaël à son frère, trouvant une belle échappée romanesque.

Sur ces terres lointaines, Aïssa apparaît déjà comme un fantôme, une étoile filante, et les querelles d’ego avec Ismaël n’en sont que plus émouvantes car dérisoires. C’est ce que capte Rachid Hami : la tragédie de la mort qui survient en vol, qui fauche les rêves. Restent alors les souvenirs, et peut-être le cinéma.

Pour la France de Rachid Hami, Memento (1 h 53), sortie le 8 février

Image (c) Gophoto/Mizar Films