La référence au Locataire (1976) est claire : dans ce film de Roman Polanski, un homme juif d’origine polonaise emménageait dans un appartement et subissait les malveillances de ses voisins. Ici, à l’inverse, Philippe Le Guay imagine un prof d’histoire, Jacques Fonzic, limogé pour négationnisme, qui achète une cave à un couple dont l’homme est juif, sans leur dire qu’il compte y habiter. Avec le même art du crescendo, la parano gagne Simon, car « l’homme de la cave » semble s’immiscer peu à peu dans toutes les strates de sa vie…
À travers un récit toujours plus tendu, Le Guay fait sentir le caractère ondoyant et insidieux de la rhétorique antisémite ou xénophobe qui, parfois masquée, non seulement s’adapte à son interlocuteur, mais se revendique comme affranchie ou victimisée. Car Fonzic sait se faire séducteur malgré tout ce que son discours porte de nauséabond – jusqu’à nouer un lien d’emprise avec la fille ado de Simon et Hélène. L’art de Cluzet est alors, dans son jeu même, d’installer la confusion, ne dévoilant le vrai visage rance de son personnage que par à-coups, furtivement.
L’Homme de la cave de Philippe Le Guay, Ad Vitam (1 h 54), sortie le 13 octobre
Image : Copyright Caroline Bottaro