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À revoir sur Arte : « Les Chaussons rouges » du tandem Powell-Pressburger

  • Léa André-Sarreau
  • 2019-12-20

Sorti en 1948, ce conte macabre et ardent n’a pas pris une ride, gardant intactes son esthétique imposante et sa réflexion sur l’art comme sacrifice de soi.

Plus besoin de présenter ce chef-d’oeuvre, film-fétiche de Martin Scorsese, qui inspira Brian De Palma pour Phantom of the Paradise et suggéra à Kate Bush son album psyché et envoûtant The Red Shoes. Comme Arte rediffuse ce drame flamboyant et cruel jusqu’au 31 mai, rappelons en quelques points pourquoi il n’a pris une ride, conservant à travers les années une grâce intemporelle. Inspiré d’un conte Hans Christian Andersen, Les Chaussons rouges raconte l’histoire d’une ballerine, Victoria (Moira Shearer), déchirée entre l’austérité de sa discipline, les exigences de son imprésario tyrannique (Anton Walbrook) et son amour pour le compositeur du ballet (Marius Goring). Une dualité presque schizophrène qui la conduira à la mort… Une grande partie de la fascination qu’exerce encore sur nous le film tient à son utilisation moderne de le Technicolor – plus qu’une vernis reluisant, il scelle le destin macabre des personnages dans le rouge-sang vif d’un rideau, le blanc blafard d’un projecteur, le vert trop profond d’un costume.

Un conflit de couleurs qui traduit simultanément l’agonie et l’extase, pour engloutir dans un tourbillon morbide les protagonistes. La grande audace du film aura aussi été d’intégrer un ballet de 14 minutes dans son intégralité, plongeant le spectateur dans une parenthèse enchantée, quintessence de l’art de Powell-Pressburger où leur vision onirique déborde, exulte. Enfin, on oublie souvent que, sous les prouesses techniques et la perfection esthétique, le film propose une réflexion violente sur l’art devenu indissociable de la vie au point de conduire à l’inéluctable, sur la confusion destructrice (mais euphorisante) entre l’art et la réalité. « Pourquoi voulez-vous danser? », demande son imprésario à Victoria au début du film. Elle lui répondra sans hésiter: « Pourquoi voulez-vous vivre? » , façon de dire qu’elle danserait de toute façon jusqu’à en mourir.

Image: Copyright Pathé

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