Claudia Cardinale, la créature du secret d’Emmanuelle Nobécourt et Erwan Bizeul
Arte rediffuse un documentaire passionnant consacré à la carrière de Claudia Cardinale, disparue le 23 septembre. Une ascension fulgurante, avec son lot de succès et de drames. Bien loin de réduire celle qu’on surnommait « la petite fiancée de l’Italie » à une vision mystifiée, le documentaire d’Emmanuelle Nobécourt et Erwan Bizeul, réalisé en 2019, plonge dans la jeunesse de l’actrice, née en 1933 en Tunisie. Grâce à un savant montage d’images d’archives, le film dresse un portrait à son image : celui d’« un sex-symbol d’un genre nouveau, splendidement femme et garçon manqué. »
Disponible sur Arte jusqu’au 23 novembre 2025
Robert Redford, l’ange blond de Pierre-Henry Salfati
En assumant une forme éclatée, volontairement anti chronologique, ce portrait riche explore toutes les facettes de l’acteur, décédé le 16 septembre. Par flashbacks et fragments, le film tente de saisir la complexité de celui qui a brillé comme citoyen (écolo actif, en tant que producteur sur des films politiques, et démocrate assumé) et comme acteur sensible. Le portrait de Pierre-Henry Salfati explore sa collaboration avec Sydney Pollack sur Out of Africa et Nos plus belles années, avec l’aide précieuses de deux journalistes spécialistes : son biographe officiel Michael Feeney Callan et Serge Kaganski. Un docu peu conventionnel qui permet de déceler les contours d’un comédien sauvage, loin de l’image du gendre idéal.
Disponible sur Arte jusqu’au 15 février 2026
La Vraie vie de Ekiem Barbier et Guilhem Causse
Après Knit’s Island, plongée immersive dans un jeu de survie postapocalyptique, les créateurs français Ekiem Barbier et Guilhem Causse poursuivent leur exploration métaphysique du virtuel avec cette mini-série troublante. On y suit un jeune acteur qui explore une simulation en ligne de la vie quotidienne, sous les traits d’un avatar. Dans sa propre peau, il rencontre d’autres participants et traverse des pérégrinations aussi loufoques que triviales. Expérimentale, décalée, la série joue du grand écart entre le monde hyper normatif proposé et un protagoniste anticonformiste. Avec un esprit taquin et insolent, Ekiem Barbier et Guilhem Causse creusent aussi la frontière trouble entre virtuel et réel. Et si les modes de communications technologiques, dématérialisés, pouvaient être aussi puissants que nos interactions humaines, de plus en plus froides ? Une question vertigineuse que la série, trop ludique pour se prendre au sérieux, laisse en suspens.
Disponible sur Arte jusqu’au 09 juin 2028
Stand-up, la rage de vivre de Guillaume Orignac
Comment le stand-up, art marginal en France il y a encore quelques années, est-il passé de salles confidentielles aux plus grandes arènes de spectacle ? C’est l’ambitieuse généalogie que cette série documentaire en trois épisodes retrace. De sa naissance à New York dans les comedy clubs jusqu’à son exportation contemporaine dans des pays en guerre, où les humouristes s’en servent comme d’une arme de résistance, la série explore ce mode d’expression provocateur, revancheur. Sa plus grande qualité est sans doute son exhaustivité et sa mise en contexte politique. On y découvre que la scène est un endroit privilégié pour les femmes dans les années 1960. C’est aussi un outil d’émancipation pour toutes les minorités, les identités marginales. Un voyage aux confins du rire, et de ses mécanismes féroces.
Disponible sur Arte jusqu’au 22 septembre 2027
Viril de Camille Juza et Matthias Vaysse
Décortiquer les représentations masculines, la façon dont elles sédimentent les rapports de force entre les genres. C’est l’ambition de cette mini-série, d’autant plus impressionnante qu’elle est resserrée, et bénéficie d’une écriture précise. Rambo, Mark Zuckerberg, Gérald Darmanin – ils incarnent tous, à leur façon et dans leur époque, une image de la virilité écrasante. Dans leur personnalité vient se loger une histoire de la misogynie, des rapports de force socio-économiques. Richement illustrée, la série bénéficie d’intervenants de qualité, comme la philosophe Olivia Gazalé, autrice du Mythe de la virilité paru en 2018. De quoi nous rappeler que si la virilité est un concept « en crise », remis en question de nos jours, il reste encore pour certains un idéal destructeur à atteindre.
