CANNES 2025 · « L’intérêt d’Adam » de Laura Wandel : à corps perdu

Deuxième long métrage de la réalisatrice belge Laura Wandel (« Un monde », 2021), « L’intérêt d’Adam » ouvre ce soir la Semaine de la Critique de sa pleine urgence. Un thriller social tourné sur une temporalité qui épouse quasiment le réel, au gré de plans séquences accrochés à l’émotion brute de ses personnages.


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© Les Films du Fleuve

Adam, 4 ans, est soigné pour malnutrition au sein du service de pédiatrie dans lequel travaille Lucy (Léa Drucker), infirmière en cheffe qui tente de convaincre sa mère de lui administrer les repas préparés par l’hôpital. Menacée de se voir retirer la garde de l’enfant, Rebecca (Anamaria Vartolomei) refuse toutefois de le laisser dormir à nouveau seul et demande à Lucy d’intervenir en sa faveur auprès de ses supérieurs.

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Fruit d’un long travail de documentation et de temps d’observation sur le terrain, le deuxième film de Laura Wandel – qui abordait brillamment les dynamiques retorses de l’école à hauteur d’enfant dans Un monde (2021) –s’avance avec assurance dans le réel, attentif aux détails qui signent la rudesse de gardes à rallonge, où chaque minute contient une urgence. De ce décompte, de ce qui se joue au creux de ces heures, il en est constamment question dans et pour le film, tant la vélocité de sa forme épouse la charge émotionnelle qui percutent les personnages.

Au creux des cinq minutes que se voit allouées Lucy pour faire sortir Rebecca des toilettes où elle s’est enfermée avec son fils, Wandel fait exister ses personnages avec une vérité troublante, dans leurs déplacements, gestes et paroles. Et installe, se faisant, une réflexion captivante sur l’imbrication complexe entre les sphères médicale, judiciaire et sociale, dont des représentantes se succèdent pour faire appliquer les protocoles en place, en un rapport parfois contradictoire à l’intérêt de l’enfant.

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S’exprime ainsi, frontalement, la place prépondérante, d’une pénibilité manifeste, qu’occupent les femmes dans le maillage de soins et d’accompagnement des malades, qu’il s’agisse des soignantes ou des adultes présentes au chevet des enfants.

En maîtrise totale de la cadence d’images qu’elle souhaite délivrer à l’écran, comme en contre-point des carences qu’elle dénonce (en termes de moyens, de temps, de nutrition…), Laura Wandel signe un thriller éminemment militant, porté par deux interprètes qui expriment une détresse en miroir, sur le fil, en s’évitant l’essoufflement.

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