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LE NOUVEAU · Zeno Graton : « Mon corps queer tunisien est éminemment politique »

  • Joséphine Leroy
  • 2023-05-05

Après deux courts métrages remarqués, le jeune réalisateur belge signe son premier long, « Le Paradis », histoire d’amour entre deux jeunes hommes dans un centre de détention pour mineurs délinquants. Une ode à la liberté, sur fond de questionnements sur le genre et l’identité.

C’est de son histoire familiale que Le Paradis est né : à l’adolescence, le cousin de Zeno Graton a été placé dans un centre de détention pour mineurs. « De cet événement est née une prise de conscience des dysfonctionnements du système », raconte le cinéaste calmement. Avec Le Paradis, le réalisateur de 32 ans continue son travail autour de la masculinité (entamé dans Jay parmi les hommes, son dernier court métrage en date), et propose des variations aux récits en vigueur. Lui-même a souvent éprouvé un sentiment « d’enfermement dans le genre ».

« Le Paradis » de Zeno Graton : à l'abris du monde

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Il souhaitait en retour montrer des personnages libres et fiers, jamais victimes, « capables d’une tendresse et d’une solidarité qui devient résistance contre l’institution ». Le résultat : au-delà de la romance gay et du récit de coming out, un film romanesque sur la puissance du sentiment amoureux, qui bouleverse tout.

Né à Bruxelles, où il a grandi dans une famille ayant des origines tunisiennes, Zeno Graton est diplômé de l’INSAS en direction photo. Un parcours qui explique son attention à l’image : lyrique, esthétisée, constamment retravaillée. « L’idée était de tendre vers un réalisme magique, insuffler du poétique à rebours du naturalisme qui prime souvent dans les films sur la détention », explique-t-il. À la source de son inspiration : le poète soufi Rûmî, et Jean Genet dont les écrits sur l’homoérotisme en prison ont durablement influencé Zeno Graton. Aujourd’hui, il entend poursuivre sur cette ligne de critique politique des institutions. « Difficile de faire autrement : on parle d’où on vient, et mon corps queer tunisien est éminemment politique. »

Le Paradis de Zeno Graton, Rezo Films (1 h 23), sortie le 10 mai

Portrait : © Julien Liénard pour TROISCOULEURS

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