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  • Cannes 2021
  • Article
  • 5 min

« Tout s'est bien passé » : le drame osé et subtil de François Ozon sur la mort volontaire 

  • Damien Leblanc
  • 2021-07-07

François Ozon aborde l’euthanasie en décrivant la relation entre une fille et son père qui lui demande de l’assister dans sa mort programmée. Présentée en Compétition officielle à Cannes, cette œuvre apaisée mêle les tonalités pour célébrer les vies librement vécues.

On le sait, François Ozon n’a pas peur des sujets clivants ni de jeter des pavés dans la mare, comme il le fit en 2019 avec Grâce à Dieu qui brocardait la pédophilie dans l'Eglise et eut quelques démêlés judiciaires.  De fait, en adaptant le livre de son amie Emmanuèle Bernheim (romancière et scénariste décédée en 2017), le cinéaste se frotte à une thématique potentiellement sulfureuse - celle de l’euthanasie et de la mort volontaire.

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Emmanuèle (Sophie Marceau), une Parisienne dont le père de 85 ans (André Dussollier) se retrouve hospitalisé après un AVC, hérite en effet d’une étrange mission : devenu dépendant et confronté à une existence qui a perdu sa saveur, le géniteur demande à sa fille de l’aider à mourir. Évidemment très perturbée par cette requête, Emmanuèle doit supporter, plus encore que sa sœur (Géraldine Pailhas), le violent sentiment de culpabilité qui l’assaille et prendre sur elle le refus de la société française à encadrer la volonté de mourir de manière légale.

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François Ozon parvient à filmer cette situation cruelle avec une fluidité et une aisance remarquables. D’abord tragique, le récit évolue pour offrir un portrait truculent de cette figure paternelle, riche collectionneur d’art qui aime jouir de la vie et qui manie un humour souvent dévastateur. Le film célèbre alors les pulsions vitales de ce personnage brillamment interprété par l’extraordinaire André Dussollier, et rend d’autant plus compréhensible sa volonté de choisir le moment de sa mort.

Avec malice, Ozon s’approprie ce débat de société en y injectant plusieurs motifs chers à sa filmographie (les névroses familiales, l’homosexualité, le gout pour le suspense et les dialogues ciselés…) et des clins d’œil à ses cinéastes de chevet (Hanna Schygulla, figure du cinéma de Rainer Werner Fassbinder, joue ici le rôle d'une femme qui organise des suicides assistés en Suisse). Tout s’est bien passé fait ainsi naître un miraculeux apaisement et renvoie le public à son propre jugement.

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Tout s'est bien passé de François Ozon, sortie le 22 septembre

Image : Copyright Carole BETHUEL/Mandarin Production/Foz

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