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Nos 3 concerts filmés préférés
- Josephine Leroy
- 2020-06-19
Histoire de célébrer l’été en chansons, on vous a concocté ce top réunissant trois documentaires musicaux géniaux, tous tournés pendant des concerts.
Block Party de Michel Gondry (2005)
En 2004, le comédien et humoriste américain Dave Chappelle fait une pause dans sa carrière et décide d’organiser à l’arrache un concert gratuit et en plein air. Excité comme un gamin, il veut réunir à Brooklyn le gratin de la musique noire contemporaine (Erykah Badu, Kanye West, Lauryn Hill, Mos Def, Jill Scott, Dead Prez ou encore les Fugees, qui font une apparition surprise) et démarche le public dans la rue (des mamies aux coiffeurs du quartier, tout le monde y passe, même une fanfare universitaire de l’Ohio, qu’il invite à New-York). L’as du bricolage cinématographique Michel Gondry a suivi le trublion pour tourner ce documentaire moins ludique que ses autres films, mais tout aussi touchant dans la manière qu’il a de filmer tout en retenue un Chappelle qui, derrière son humour ravageur, semble habité par un profond désir de communion.
Le film est disponible sur la plateforme Cinémas à la demande.
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The Last Waltz de Martin Scorsese (1978)
« Ce film doit être écouté fort ! », nous prévient à juste titre Scorsese au tout début de ce documentaire incroyablement exaltant, dans lequel il filme avec virtuosité l’ultime concert du groupe de rock canadien « The Band », au Winterland Ballroom de San Francisco. Sur scène, ces derniers font défiler à leurs côtés la crème du rock & blues de l’époque : Eric Clapton, Ringo Starr, Neil Young, Bob Dylan, Joni Mitchell, Van Morrison ou encore Muddy Waters. Entre les duos, tous plus fous les uns que les autres, Scorsese insère des séquences plus intimistes, notamment des entretiens où il tente de percer les mystères de ce groupe dont les membres, pratiquement tous disparus depuis, connaîtront pour certains un sort tragique (le multi-instrumentiste Richard Manuel s’est suicidé en 1986, tandis que le batteur Rick Danko est mort en 1999 à la suite d’une insuffisance cardiaque, liée à ses problèmes d’alcoolisme et de toxicomanie). Impossible de sortir indemne de cette « dernière valse ».
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Amazing Grace. Aretha Franklin de Sydney Pollack et Alan Elliott (2018)
Janvier 1972. La reine de la soul, Aretha Franklin, enregistre, à l’âge de 29 ans, un album de gospel, Amazing Grace, face au public d’une petite église du quartier noir de Watts, à Los Angeles. Sydney Pollack, sur commande de la Warner, immortalise ces deux soirées, mais le projet est abandonné à cause d’un invraisemblable couac : le réalisateur n’a pas pensé à synchroniser le son et l’image… Des années plus tard, Alan Elliott, un producteur américain obstiné, les récupère et les monte, puis signe un accord avec les ayants droit de la chanteuse après sa disparition en 2018 et sort enfin ce documentaire exalté, duquel émane une atmosphère mystique. La démarche timide de la chanteuse lorsqu’elle monte sur scène pour rejoindre ses choristes en tenues scintillantes et le charismatique révérend Cleveland est trompeuse: Franklin se métamorphose vite en bête de scène. Le public est en transe, les corps exultent au son de sa voix explosive – même Mick Jagger, leadeur des Rolling Stones et bulldozer scénique, s’agite sur son siège. Le récent miracle qui a fait renaître ce film mort-né se fond alors avec celui du passé, et on est éblouis devant cette idole touchée par la grâce.
Le film est disponible sur la plateforme MyTF1.
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Image de couverture : The Last Waltz de Martin Scorsese